Le mobilier aux épis du Petit Trianon

Marie-Antoinette laisse sa marque au Petit Trianon, le pavillon édifié sous Louis XV à l’instigation de sa favorite Madame de Pompadour, que Louis XVI lui offre le 24 mai 1774. S’accommodant des aménagements d’origine, la Reine y créé juste deux ans plus tard le Cabinet des glaces mouvantes, un boudoir où des miroirs pouvaient occulter les fenêtres grâce à un mécanisme ingénieux.

En 1787, la jeune femme alors trentenaire, qui se plaît infiniment à Trianon dont elle a fait redessiner les jardins à l’anglaise  se fait livrer de nouveaux meubles pour sa chambre à coucher. Connus sous le nom de  » mobilier aux épis ».

Le mobilier aux épis du Petit Trianon

Marie Antoinette compose ses intérieurs comme une ode à la nature. Elle veut une nouvelle chambre à l’image de son domaine au charme pastoral. Bonnefoy du Plan, son garde-meuble, lui trouve un menuisier assez novateur pour créer  » le mobilier aux épis  » de ses rêves. Pour ce mobilier, il s’adresse à Georges Jacob, un des grand menuisier de la fin de l’ancien Régime. II a le génie du siège et il va véritablement modifier le siège français. C’est l’époque du retour à l’antique, on n’est plus dans le style rocaille. Les dossiers de sièges de Jacob changent de forme, ils sont en « chapeau de gendarme ». Et certains dossiers sont ajourés, en forme de lyres ou en épis de blé.

 

Le mobilier aux épis du Petit Trianon

Il a composé pour le petit Trianon , un ensemble de chaises et fauteuils en bois sculpté et peint parsemés de guirlandes de muguet, de lierre, de jasmin, d’épis de blé et de pommes de pin,  à la base des pieds et au sommet du dossier, symboles de ce retour à la nature auquel elle aspire. Encore aujourd’hui, il est recouvert de son étoffe d’origine.

Faisant fi des dorures, la peinture a été réclamée  » au naturel  » au peintre Chaillot de Prusse. Cela s’était rarement fait, habituellement les bois des sièges destinés aux personnes royales étaient dorés.  Sous Louis XV, les fleurs étaient sculptées de façon ronde. Sous Marie-Antoinette, elles deviennent d’une minutie et d’une absolue précision. La sculpture est l’oeuvre de Rode (le lit, disparu, avait été sculpté par Triquet).  Une luxueuse simplicité pastorale où l’ordre de la société est en harmonie avec l’ordre de la nature. C’est un havre de paix , renforcé par le plafond abaissé et les dimensions modestes de la pièce.

Dans une chambre du 18ème siècle, le lit est un élément majeur, concentrant le plus d’étoffes. Ce qui comptait, c’étaient les tissus, les baldaquins et les rideaux. C’est leur prix qui en faisait la valeur. Ces étoffes doivent protéger du froid. Visibles, elles doivent être belles et reprendre le thème omniprésent des fleurs.

Dans les ateliers lyonnais de la veuve Marie-Olivier Desfarges, l’un des plus prestigieux fabricants d’étoffe; on broda les tissus du « mobilier aux épis »,  d’un décor de bouquets de roses et de barbeaux (petits bleuets des champs) sur du basin blanc. Lyon est alors la grande ville de la soie qui maîtrise toute la production. Il a fallu environ 6 mois pour réaliser ces broderies. C’est un tissu simple, cette résidence étant secondaire, avec du mobilier en bois peint. L’étoffe ne doit pas être trop riche.

Dispersé à la Révolution, une partie de cet extraordinaire mobilier ( deux fauteuils, deux chaises, le paravent et l’écran de cheminée) a, depuis, pu être acquis par le château de Versailles.

 

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