Le décor impressionniste – Aux sources des Nymphéas

L’impressionnisme est rarement associé au terme décoration. Pas plus aux murs, aux objets, éventails, céramiques et autres bas-reliefs. Pourtant, des œuvres impressionnistes regardées aujourd’hui comme des tableaux de chevalet – paysages, fleurs ou scènes de la vie moderne – ont d’abord été conçues comme des décorations. Soucieux de la place du beau dans la vie quotidienne, les artistes impressionnistes en ont fait un terrain d’expérimentation, s’aventurant sur des supports variés dont ils ont exploré toutes les possibilités.

Camille Pissarro, éventail, vers 1883 Gouache sur soie, © musée d’Orsay / Patrice Schmidt

« Ç’a été le rêve de toute ma vie de peindre des murs », confiait Degas. L’artiste n’était pas le seul à vouloir participer aux nombreux chantiers décoratifs de la fin du XIXsiècle. Si Manet et les impressionnistes n’ont pas reçu de commandes officielles, ils ont réalisé, tout au long de leurs carrières, des peintures et des objets décoratifs.

Pierre Auguste Renoir (1841 – 1919) Baigneuses. Essai de peinture décorative, dit aussi Les Grandes Baigneuses. © Philadelphia Museum of Art

Ils ont expérimenté de nombreuses techniques tout en redéfinissant à leur manière l’idée même de « décoratif », notion paradoxale, à la fois positive et dépréciative, au cœur de la pratique artistique, de la réflexion esthétique et sociale à la fin du XIXe siècle.

Claude Monet , Les Dindons 1877 © Musée d’Orsay / Patrice Schmidt

Cet aspect de l’impressionnisme est peu connu aujourd’hui. Pourtant, le cycle des Nymphéas de l’Orangerie, que Monet nommait ses « grandes décorations », vient couronner plus de soixante années d’incursions dans ce domaine. Et si les tableaux exposés par les impressionnistes ont choqué, c’est aussi parce qu’ils étaient vu telles de simples décorations, dénuées de signification et vouées au seul plaisir des sens. Un critique n’a-t-il pas écrit en 1874 que ce que Monet peignait s’apparentait à un « papier peint » ?

Gustave Caillebotte , 4 panneaux de porte © Thomas Hennocque

Cette exposition invite donc pour la première fois à explorer une autre histoire de l’impressionnisme avec des œuvres de Cassatt, Cézanne, Degas, Manet, Monet, Morisot, Pissarro et Renoir, venant du monde entier, pour certaines rarement ou jamais présentées en France. Elle montre comment, à travers quelque quatre-vingt peintures, éventails, céramiques ou dessins, les impressionnistes ont tracé un chemin nouveau, avec la conviction que, pour citer Renoir, l’art est fait avant tout pour « égayer les murs ».

Exposition jusqu’au 11 juillet 2022

Musée de L’orangerie

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