L’art du portrait

On appelle portrait toute œuvre représentant une personne d’après un modèle réel. L’artiste s’attache à en reproduire ou à en interpréter les traits et expressions caractéristiques. Cependant, un portrait n’est pas nécessairement totalement fidèle à la réalité. Il peut être idéalisé afin de valoriser le modèle.

Un portrait comme un autoportrait peut être peint, sculpté, gravé, photographié ou écrit. Il peut être réalisé pour des raisons politiques, sociales ou personnelles, et questionne le rôle de l’image et de la représentation. Il peut rendre les traits physiques du modèle, témoigner de son appartenance sociale, ou s’attacher à transmettre les qualités psychologiques de la personne.

F.G. Kügelgen (1770-1820),Portratit une jeune femme de la haute société de Dresde
(c) Alte Kunst, Proantic

Histoire du Portrait

XIVe – XVe siècle : la naissance du portrait

En peinture, la représentation de personnes identifiables apparaît tardivement. Au XIVe siècle, les peintres italiens, comme Giotto di Bondone, commencent à individualiser leurs personnages. Progressivement, les commanditaires des œuvres religieuses apparaissent dans les compositions. Mais ce n’est qu’au début du XVe siècle que le portrait s’érige en genre autonome. Il se développe principalement à Florence et en Flandres.

En Italie, les personnalités sont le plus souvent peintes en buste. Le fond évolue rapidement : d’abord neutre ou décoratif, dans la tradition gothique, il représente ensuite un intérieur ou encore un paysage. De leur côté, les primitifs flamands peignent leurs sujets avec un grand réalisme. A la suite de Jan Van Eyck, ils les placent dans leur cadre domestique.

Paire de portrait d’une exquise finesse par Mlle Hyacinthe Mercier active à Paris entre 1808 et 1839.
Signés et datés 1809.
(c) Alberelli Jean Antiquités

XVIe siècle : le développement du portrait de cour
Au XVIe siècle, Venise impose un style international au portrait, grâce à Giorgione et à Titien, qui peint aussi bien François Ier que Charles Quint. Car cet art se transforme, à cette époque, essentiellement en art de cour. De grands peintres le pratiquent, sans toutefois s’y consacrer exclusivement. D’autres en font leur spécialité, jusqu’à devenir parfois « peintre du roi ». Au XVIIe siècle, Petrus Paulus Rubens et surtout Antoon Van Dyck, en Angleterre, rénovent les formules du portrait du prince. Ils lui apportent une vivacité parfois absente des tableaux d’apparat. La pose se diversifie.

L’ensemble de la composition concourt à mettre en valeur les qualités du monarque. En Angleterre, l’engouement pour le portrait se renforce au point que les riches marchands n’hésitent plus à en commander. La mode s’étend dans toute l’Europe, y compris en France, où cette pratique n’est pourtant pas classée par l’Académie parmi les genres nobles (que sont la peinture d’histoire, la peinture mythologique ou les allégories).

Henry-Marie Charry 1878. Autoportrait dans son atelier.
(c) ARTE TRES GALLERY, Proantic

XVIIIe siècle : l’âge d’or
Au XVIIIe siècle, le portrait connaît un âge d’or. Si les grands continuent à commander leur portrait, l’intimité, la sensibilité gagnent leurs lettres de noblesse. Les représentations de la famille et de l’enfance se multiplient. La représentation des gens de théâtre devient aussi un thème de prédilection. Une approche plus psychologique des individus voit également le jour.

Aux côtés de la peinture, la mode du portrait au pastel connaît un essor sans précédent, sous l’influence de Quentin de La Tour. Celui-ci ne traite souvent que la tête du modèle qui, quelle que soit sa condition sociale, est toujours représentée de façon expressive et fouillée.

Allégorie de printemps et de l’Ete. XVIIème.
(c) Antiquités Arnaud Catel

XIXe siècle : le déclin
Au début du XIXe siècle, tous les grands peintres font des portraits, quels que soient leur style ou leurs thèmes favoris. Le portrait à l’huile connaît un succès jamais atteint et les formats s’agrandissent. Mais la révolution picturale que voit naître la fin de ce siècle modifie également l’intérêt et la nature même du genre. Si les artistes continuent à réaliser des portraits, l’objectif s’est déplacé. Le genre devient un prétexte, un moyen comme un autre de déterminer l’attitude du peintre vis-à-vis du monde réel, de la société et de l’art. C’est que la photographie permet dorénavant d’enregistrer une image fidèle du sujet et bouleverse profondément l’art de la figuration.

Portrait de Louis de Bourbon, Roi de France sous le nom de Louis XV, d’après le portrait peint par Jean-Baptiste van Looalors. Vers 1725.
(c) Galerie Pellat de Villedon

Les typologies de portraits / vocabulaire

Cadrage

Le cadrage : l’artiste détermine la place de son sujet dans son tableau selon ce qu’il veut en montrer et en dire, (à partir du XVème siècle).

> portrait en tête (tête et cou)
> portrait en buste (tête et épaules)
> portrait à mi-corps (jusqu’à la taille)
> portrait en genoux (jusqu’aux genoux)
> portrait en pied (de la tête aux pieds)

Quelques emprunts au vocabulaire du cinéma :

Portrait plan italien : les pieds sont supprimés du cadrage.
Portrait plan américain : le modèle est coupé à mi-cuisse, à la hauteur des revolvers…

L. Saquet 1841. la petite fille et sa poupée dans le jardin.
(c) Galerie DMP, Proantic

Position du corps

> de profil
> de face
> de ¾

Le point de vue est la position du peintre par rapport à son modèle.

Le point de vue frontal : la vision se situe sur un plan horizontal par rapport à l’objet.
La plongée : le sujet est vu du dessus ce qui donne l’impression qu’il est dominé.
La contre-plongée : le sujet est vu du dessous et donne au contraire l’impression de dominer. Cela peut donner au modèle un air un peu hautain.

Portrait d’une jeune fille flamande, peinture hollandaise du XIXème
(c) Antiquités Alain Giron

LES DIFFÉRENTS TYPES DE PORTRAITS

  • L’ex-voto 

les œuvres sont destinées à figurer dans des lieux saints ; les modèles sont le plus souvent représentés en prière, face à la vierge. Ce sont des donateurs auxquels l’œuvre rend hommage.

d’après Hans II Holbein 1497-1543. Portrait de Henri XVIII et Edouard VII.
(c) Olivier d’Ythurbide et Associé, Proantic
  • Portrait d’apparat (et de propagande) 

Indique le rang social du modèle, sa fonction et son titre grâce à des attributs, le tout dans une mise en scène le glorifiant. Le portrait équestre est une sous-catégorie du portrait d’apparat. Le modèle monte à cheval, symbole de puissance.

  • Le portrait intime

représente les personnes dans leur environnement privé ; les
poses sont plus naturelles.

Huile sur toile encadrée, représentant une femme assise en costume traditionnel, travail du XIXème.
(c) Courcelles-Antiquités, Proantic
  • Portrait de groupe

Représente plusieurs membres d’une même famille ou d’une même corporation de métiers. Destiné aux sphères publiques et privées.

  • Portraits en pendants

2 tableaux autonomes, épouse/époux, parent/enfant … conçus comme un tout (même décor, mobilier, position…)

  • Autoportrait

L’artiste se représente lui-même.

Portrait de deux enfants Cugnotet Edouard Ferdinand Ludovic (19 ème siècle).
(c) Galerie Claudie Alberio, Proantic
  • Portrait psychologique

Cherche à rendre compte de la personnalité du modèle et exprime ses sentiments ou émotions.

  • Le « portrait charge » ou caricature

met en évidence les traits dominants, le plus souvent les « défauts », du modèle et de son caractère à des fins humoristiques ou polémiques. Ce type existe dès la Renaissance sous forme de jeu, devient un portrait à charge au XVIIe siècle pour devenir ensuite polémique et satirique particulièrement envers les hommes engagés dans la politique. Ce type de portrait n’est pas représenté dans le musée.

Jean Claude LEMAIRE actif au XVIIIème « Portrait de la famille de Salomon Couture de Chamacourt de Sorquainville ). XVIIIème.
(c) Olivier d’Ythurbide et Associé
  • Le portrait allégorique

on évoque une idée abstraite en représentant une personne, par exemple en représentant un souverain sous les traits d’une divinité ; le portrait devient un instrument devant servir à sa gloire.

 

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