À la mode ! L’art de paraître au 18e siècle

En partenariat avec le musée d’Arts de Nantes et le musée de la mode-Palais Galliera à Paris, le musée des Beaux-Arts de Dijon présente une exposition temporaire consacrée à la thématique de la mode et du costume dans la peinture au 18e siècle, exposition déjà présentée à Nantes du 25 novembre 2021 au 06 mars 2022. Pour la première fois, le musée des Beaux-Arts de Dijon présente une exposition de costumes et de pièces textiles qui seront confrontés à des oeuvres, des objets et des arts graphiques, dans une scénographie contextualisée, innovante et dynamique.

Anonyme, Manteau de robe à la française (Nom d’usage), 1780. Taffetas de soie coquille d’oeuf, baleines et agrafes en métal. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

L’histoire du costume et de sa représentation au siècle des Lumières est autant l’illustration d’une réalité matérielle qu’une création de l’imaginaire. Au 18e siècle, la naissance de la mode est d’abord celle de nouveaux métiers et d’une presse spécialisée, et constitue le signe d’une transformation accélérée de la société. Le style français, porté à la fois par l’aristocratie et la haute bourgeoisie urbaine, s’impose dans toutes les cours et les villes d’Europe. La confrontation d’œuvres picturales avec des costumes du 18e siècle permet d’explorer une nouvelle mise en scène du corps, entre l’exigence sociale et les caprices du goût.

Le partenariat avec le Musée de la Mode de la Ville de Paris permet la présentation particulièrement exceptionnelle, du fait de la rareté, préciosité et fragilité des matériaux, de nombreux ensembles textiles et accessoires, dont certains spécialement restaurés pour l’exposition.

Atelier de Jean-Baptiste Oudry, Comédiens italiens
dans un parc, vers 1710, Bordeaux
© Mairie de Bordeaux, musée des Beaux-Arts/F. Deval

Le parcours de l’exposition se déploie en quatre univers distincts, comme autant de facettes qui explorent le lien entre les peintres et la fabrique de la mode. Le premier chapitre de l’exposition s’attache à démontrer l’accélération des phénomènes de mode, autant en peinture que dans le vêtement, dans un jeu de compétition entre les élites dirigeantes et les classes montantes.

« Robe à la française et jupe, en soie, satin liseré, gris et vert, applications de chenille de soie verte (vue de face), vers 1755 ». Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Le deuxième chapitre met en scène les peintres comme acteurs de la « fabrique de la mode », ils se révèlent les vrais ancêtres des couturiers et créateurs de mode. Le troisième chapitre, « Fantaisies d’artistes », explore les liens entre des mondes picturaux imaginaires et des vêtements devenus iconiques grâce à eux. Enfin la dernière partie, « Pour une histoire du négligé-déshabillé », porte un regard inédit sur la vogue grandissante du négligé dans le vestiaire masculin et féminin, de la robe de chambre à la robe empire, des voiles des vestales au déshabillé antique.

Robe d’intérieur (ou banyan) de Jacques de Vaucanson, dite «chasuble de Vaucanson», Paris, vers 1770-1780 – © Lyon, musée des Tissus/ Sylvain Pretto/Pierre Verrier

L’exposition réunit plus de 140 objets du 18e siècle, issus des grands musées textiles (Musée de la Mode de la Ville de Paris, Musée des tissus de Lyon, Musée de la toile de Jouy, Musée de la Chemiserie et de l’Élégance Masculine d’Argenton) et de beaux-arts (château de Versailles, Louvre, Ecouen, Nantes, Quimper, Tours, Orléans..).

Les peintres et la fabrique de la mode

Cette deuxième partie met en scène les peintres comme acteurs de la « fabrique de la mode ». Ils jouent en effet un rôle décisif dans ce nouveau secteur économique : conceptions de motifs textiles, réalisations de décors d’accessoires, inventions de silhouettes pour la presse de mode. Les dessinateurs textiles puisent aux mêmes sources visuelles que les peintres, rivalisant de minutie dans le rendu des décors inspirés par la nature mais aussi par l’actualité littéraire et politique

Maquette pour broderie de gilet, poche et bordure du bas du devant gauche, “scène exotique” (détail 1770-1785) d’après Jean-Antoine Fraisse (1680-1739 ?), Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris

Ce répertoire imagé se déploie de façon particulièrement spectaculaire sur une pièce désormais essentielle du vestiaire masculin : le gilet (La fureur de la broderie). Ses étoffes se parent de motifs brodés sur les poches, boutonnières et boutons, comme autant de variations botaniques et exotiques. Les accessoires de modes (éventails, flacons à sel, étuis à billets doux, carnets de bal…) issus des boutiques des bijoutiers et des bimbelotiers, sont ornés d’une multitudes d’images miniatures empruntées aux peintures contemporaines, soulignant la perméabilité entre les univers de la mode et des arts (Bien plus qu’accessoires, un musée de poche).

Dans le dernier quart du 18e siècle, de nombreux artistes, dont le talentueux et prolifique Watteau de Lille (1731-1798), mettent leurs crayons au service de la toute nouvelle presse de mode. Ils illustrent de leurs silhouettes élégantes et colorées, entre réalisme et fantaisie, la Galerie des modes et costumes (1779-1781) puis le Magasin des modes nouvelles françaises et anglaises (1786-1789) (Le peintre et la presse de mode naissante).

Musée de Dijon

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