Vitrine haute en bois d'acajou avec une finition polie qui met en valeur le grain rectiligne et foncé caractéristique de cette essence. La partie supérieure est composée d'une vitrine vitrée sur trois côtés, avec des étagères intérieures et un fond en miroir, flanquée de quatre colonnes indépendantes à fût lisse et chapiteaux sculptés en relief, qui soulignent la verticalité de la pièce. La partie supérieure est surmontée d'une corniche moulurée à plusieurs niveaux. La partie inférieure abrite un corps fermé avec une porte frontale décorée d'un grand médaillon semi-circulaire en bronze doré, appliqué sur un fond bleu. Le meuble conserve sa structure d'origine, avec des ferrures simples et un dos en bois avec des assemblages anciens visibles.
Fabriquée à Berlin vers 1800, cette vitrine correspond à un type de meuble de représentation destiné à exposer des porcelaines, des objets de luxe ou des pièces scientifiques, très courant parmi la bourgeoisie prussienne éclairée. Le choix de l'acajou, matériau noble réservé aux meubles haut de gamme, et la présence de bronzes dorés indiquent une commande de qualité. L'intérieur miroitant multiplie la lumière et met en valeur les objets exposés, une solution courante dans les ateliers spécialisés du Berlin néoclassique. La sculpture des chapiteaux, réalisée à la main, révèle un travail minutieux, tandis que le médaillon frontal en bronze présente une scène d'inspiration classique, probablement coulé dans un atelier berlinois proche de la manufacture de meubles.
Les vitrines berlinoises de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle allient la rigueur prussienne à l'influence directe du néoclassicisme français. Cette pièce illustre cette dualité : d'une part, la sobriété des lignes droites et des formes géométriques ; d'autre part, les ornements archéologiques (chapiteaux corinthiens, frise supérieure, scène mythologique en bronze) qui renvoient au langage décoratif du début de l'Empire. Sa composition claire et monumentale reflète le goût courtisan de Frédéric-Guillaume III et le développement d'un ébénisterie locale hautement qualifiée. Dans sa catégorie, il s'agit d'un exemple remarquable par la qualité de l'acajou, la sculpture des colonnes et l'exceptionnelle plaque en bronze doré qui articule toute la façade inférieure.




































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