Fragment rectangulaire d’enduit peint romain représentant deux canards évoluant dans un paysage aquatique encadré d’un décor architectural. Malgré les marques du temps, l’ensemble présente une cohérence stylistique et matérielle remarquable avec les fresques romaines du Ier siècle apr. J.-C. : pigments minéraux typiques (ocres, rouges ferriques, verts cuivrés, bruns), mortier de chaux fin et dense, composition organisée dans un registre unique délimité par un double filet. L’usure naturelle, loin d’affaiblir la lecture, garantit ici une authenticité indiscutable : rien n’évoque une production moderne, ni dans la facture, ni dans la patine, ni dans la structure interne du mortier.
CaractéristiquesObjet : Fragment de fresque romaine figurant des canards
Matériau : Enduit de chaux sur support épais, pigments minéraux appliqués a fresco et/ou a secco
Culture : Romaine
Période : Ier siècle apr. J.-C.
Dimensions : env. 135 mm × 317 mm × 32 mm
État : Bon état général, restauration professionnelle discrète
Provenance : Ancienne collection privée française, Collection Chevallier-Verel (Paris), acquisition début XXᵉ siècle
Parallèles : Fresques pompéiennes aux oiseaux aquatiques (Frise de la Fontaine, Fresque des Canards, Maison de l’Ours, Pompéi)
Certificat : Certificat d’authenticité fourni
Au Ier siècle de notre ère, la peinture murale est un élément fondamental de l’art domestique romain. Dans les demeures de Pompéi, Stabies et Herculanum, les murs se couvrent de compositions illusionnistes mêlant architectures, paysages et scènes nilotiques où oiseaux, plantes aquatiques et terrains marécageux apparaissent en abondance. Les canards et autres volatiles d’eau incarnent à la fois un motif décoratif apprécié — silhouettes fluides, mouvement naturel — et un symbole d’abondance, de sérénité et de douceur du cadre domestique.
Le fragment présenté s’inscrit pleinement dans cette tradition : scène horizontale, végétation sobre, mouvement léger des animaux, encadrement peint simulant un panneau autonome à l’intérieur d’un ensemble plus vaste. Ce type de décor ornait volontiers la partie basse d’un mur, un registre intermédiaire ou une frise d’un triclinium, d’un couloir ou d’une petite salle ouvrant vers un jardin intérieur.
Analyse formelle & matérielle Support et structureFragment oblong à bords irréguliers, provenant d’un ensemble mural plus large.
La tranche révèle un mortier de chaux ancien, épais et homogène, avec petites cavités et inclusions discrètes.
Le revers, irrégulier, montre des traces de lissage, quelques vestiges de pigments isolés et une ancienne numérotation d’inventaire atténuée — témoins d’un long parcours en collection.
Organisation en trois zones :
1. Cadre externe :
Large bande pourpre aux nuances brun-violet, usée par endroits, laissant affleurer la chaux.
2. Cadre interne :
Double filet clair et foncé, parfois interrompu ou atténué, typique d’une exécution rapide sur enduit frais.
3. Scène principale :
Deux canards se faisant face sur une ligne de sol horizontale, dans un décor aquatique stylisé.
– À gauche : oiseau sombre (bruns, verts, gris), modelé par touches légères, bec fin et œil suggéré.
– À droite : oiseau plus chaudement coloré (ocres, rouge ferrique, jaunes), silhouette animée d’un léger mouvement.
Les superpositions de pigments, la rapidité du geste et la vivacité des teintes attestent une main entraînée et une technique parfaitement romaine.
Tiges fines vert-bleuté à gauche ; roseaux sombres à droite.
Teintes vertes atténuées par le temps, très caractéristiques des fresques antiques.
Patine mate uniforme, micro-éclats, farinage léger de la chaux, abrasions naturelles.
Restauration professionnelle assurant stabilité et lisibilité : aucun repeint lourd, aucun vernis moderne brillant.
Ce fragment réunit des qualités rarement associées :
– motif immédiatement lisible, délicat et décoratif ;
– palette antique cohérente, avec pigments minéraux typiques ;
– patine ancienne profonde, révélatrice d’un long parcours archéologique et muséal ;
– provenance prestigieuse, issue d’une collection française savante du début du XXᵉ siècle.
Par son format aisément exposable et son raffinement iconographique, il constitue un élément idéal pour une collection de fresques ou comme pièce maîtresse dans un cabinet d’amateur. Sa parenté stylistique avec les panneaux nilotiques de Pompéi renforce son intérêt historique et esthétique.
Références & comparaisons– Fresques pompéiennes aux oiseaux aquatiques (Museo Archeologico Nazionale di Napoli)
– Maison de l’Ours, Pompéi (Hauser, Pompeji, vol. 2, 1988)
– Décors nilotiques étudiés par A. Maiuri, Una Nuova Pittura Nilotica a Pompei, 1955
Ces parallèles confirment son inscription dans la tradition décorative romaine visant à évoquer jardins, paysages exotiques et atmosphères nilotiques dans les demeures de Campanie.
Valeur culturelleCe fragment illustre l’art de vivre romain : goût du jardin, fascination pour l’Égypte et maîtrise de la peinture murale. Les canards, le mouvement de l’eau, la végétation légère sont autant d’éléments conçus pour envelopper les habitants dans un univers de raffinement et d’exotisme maîtrisé. Posséder un tel fragment, c’est intégrer à sa collection un témoin direct de l’esthétique domestique romaine.
Traçabilité & garanties– Provenance : Collection Chevallier-Verel, Paris, début XXᵉ siècle
– Conservation continue en collection privée jusqu’à aujourd’hui
– Certificat d’authenticité détaillé fourni (description, datation, provenance)
L’ensemble offre une traçabilité claire et conforme aux bonnes pratiques du marché de l’art ancien.


































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