Hermine David – Musiciens de rue à Cuba, vers 1917-1918 - fusain

Hermine David (1886-1970)
Musiciens de rue à Cuba, 1917 ou 1918
fusain sur papier
18 x 24,5 cm
tampon de la signature en bas à droite, partiellement estompé

Très bon état

Encadré avec soin, sous verre
Dimensions avec le cadre : 35,5 x 42 cm

Bibliographie : « Hermine David : peintre-graveur de l’École de Paris », 2006, dessin reproduit p. 62

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Au cours d'un grand voyage sur le continent américain, la dessinatrice Hermine David a rempli plusieurs carnets de dessins et d'aquarelles, souvenirs de la Nouvelle-Orléans, de la Floride, du Mexique et de Cuba. Cette feuille parfaitement conservée fait partie de ses souvenirs à la Havane : une composition en noir et blanc, sonore et rythmée, qui laisse également la place à la liberté de l'improvisation, notamment pour l'arrière-plan qui mêle, en quelques traits, végétation et architecture. Hermine David, en voyage à Cuba à deux reprises, avec son compagnon Jules Pascin, en 1917 et en 1918, s'arrête un instant dans la rue, observe et saisit cette scène, le temps d'un morceau : les musiciens ont attiré son attention autant que celle des passants.

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D'après l'ouvrage de référence sur Hermine David, paru en 2006, et dans lequel notre dessin est reproduit, nous pouvons retracer les voyages du couple d'artistes à travers le continent américain. Quittant Paris dès les premiers frémissements du conflit mondial, au milieu du mois de juillet 1914, le couple Pascin/David partent d'abord pour Londres puis ils embarquent à destination de New York, en octobre 1914 pour Pascin, et au printemps 1915 pour Hermine. Ce sera leur ville d'attache pour les prochaines années : New York concentre déjà, entre 1915 et 1920, le nouvel élan de la modernité en art.

Le premier voyage à Cuba de Pascin, seul, date de 1915 et les deux voyages du couple Pascin/David à Cuba sont à dater du printemps 1917, et de l'automne 1918.

Pour situer cette scène, nous pourrions hésiter entre la Nouvelle-Orléans et Cuba, à la fois pour la présence de la musique partout dans les rues ainsi que pour l'élégance des silhouettes qui sont représentées, autant des musiciens que des auditeurs. Certains détails permettent néanmoins de situer cette scène à Cuba, notamment le choix des instruments de musique et les vêtements humbles, voire pauvres, des enfants des rues. La naissance du jazz à la Nouvelle-Orléans impliquait davantage d'instruments à vents, clarinettes, trombones et percussions, alors que la musique cubaine était nettement plus orientée vers les guitares, comme ici, et parfois quelques percussions.

Les inventions d'Hermine David dans la mise en page de ses compositions est toujours très intéressante. Ici, l'espace vide qu'elle a gardé dans la partie droite de la feuille permet de concentrer davantage l'attention et le regard du spectateur sur les musiciens.

L'arrière-plan est rapidement posé, comme si la dessinatrice se laissait emporter à la fois par la musique et par le mouvement d'ensemble de sa composition. Plusieurs éléments graphiques d'Hermine David font écho à la technique de Pascin à cette époque de leur carrière. Ils dessinaient certainement ensemble, ou bien Hermine souhaitait toujours rivaliser d'invention et d'audace avec son compagnon (voir comparatifs). On trouve dans ce dessin également des échos de l'école allemande, notamment Otto Mueller, Ernst Ludwig Kirchner.

En voyageant si librement, en allant trouver des sujets si différents de ce que montraient le plus souvent les artistes européens, Hermine David explore la modernité simplement en saisissant ce qu'elle voit.

Un dessin qui a plus de cent ans et qui reste d'une épure, d'une élégance et d'une vivacité saisissantes. Le noir et blanc d'une partition, la pureté du fusain sur le papier blanc, qui laisse la liberté d'imaginer les couleurs, autant que les mélodies.