Cet objet raffiné en argent est un rare briquet rituel juif, destiné à l’allumage des bougies du Shabbat et des fêtes. L’œuvre s’élève d’une base circulaire lisse, supportant une structure architecturale élégante et complexe : en son centre se dresse une coupe supérieure, conçue pour contenir la flamme principale (shamash), soutenue par un corps orné de rosaces en relief, disposées symétriquement comme des fleurs épanouies. Un arceau à volutes relie les côtés, finement gravé de motifs végétaux entrelacés qui évoquent le symbole de la vie et du renouveau.
Au cœur de la composition s’insère une boîte rectangulaire à couvercle articulé, finement décorée de guirlandes et de fleurs stylisées, destinée à contenir mèches et allumettes. Sur un côté pend un petit seau éteignoir, suspendu par une chaîne, utilisé pour éteindre la flamme avec respect, sans souffler dessus.
L’objet unit fonctionnalité et spiritualité : d’une part il répond au besoin pratique d’allumer et d’éteindre les lumières festives, d’autre part il exprime, à travers la richesse de ses motifs décoratifs, la sacralité de la lumière dans l’espace domestique et synagogal. Le langage ornemental – floral et entrelacé – renvoie aux traditions artistiques de l’Europe orientale, en particulier aux communautés juives de Galicie et de Russie au XIXe siècle, où l’orfèvrerie en argent connut une large diffusion.
Un petit poinçon gravé à la base témoigne de sa fabrication artisanale, faisant de ce briquet non seulement un objet d’usage rituel, mais aussi un précieux témoin de la culture matérielle juive, où la flamme devient mémoire, rite et identité.