Soldats jouant aux cartes
Papier, crayon noir
25 × 19 cm / 10 × 7,5 in, non encadré
Les années 1820 et 1830 marquent l’apogée de la renommée d’Horace Vernet (1789–1863), le célèbre peintre de batailles français, apprécié non seulement par l’aristocratie mais aussi par un large public. Précurseur de la lithographie en France, Vernet diffusa activement ses œuvres dans ce nouveau médium, ce qui contribua largement à accroître sa notoriété et à rendre son art accessible à un cercle élargi de collectionneurs.
Un exemple en est la lithographie Soldats jouant à la drogue, créée en mars 1818. Elle est répertoriée par Bruzard (n° 35), Beraldi (n° 69), La Combe-Clément (n° 926) et Blanchard de la Fontaine (n° 297). Le catalogue la décrit ainsi :
« Deux soldats assis à califourchon sur un tronc d’arbre jouent aux cartes ; celui qui est à gauche porte sur le nez la petite fourche de bois que l’on appelle Drogue de la Drogue. Un troisième soldat, debout, le regarde. » (Bruzard, p. 11)
L’estampe ne connut qu’un seul état : en bas à droite la signature lithographiée H. Vernet 1818, au-dessous Lithog. de Last., et au centre le titre Soldats jouant à la drogue. Aujourd’hui, des épreuves sont conservées dans les collections du château de Chantilly (musée Condé), de la Bibliothèque nationale de France, du musée municipal de La Roche-sur-Yon, ainsi que dans la collection Sanchez.
Notre feuille est une rare répétition dessinée de cette composition, exécutée au crayon noir, probablement dans les années 1820. De tels dessins étaient souvent réalisés soit comme exercices académiques, soit comme réinterprétations indépendantes de lithographies populaires. Contrairement à l’estampe imprimée, cet exemple est dépourvu de titre et d’inscriptions, tandis que le modelé adouci et l’estompage confèrent à la scène un caractère plus intime et individuel.
À propos du jeu
La drogue (ou la drogue de la drogue) était un jeu de cartes français, très répandu parmi les soldats au XIXe siècle. Selon des sources contemporaines, l’un des joueurs devait tenir sur son nez une petite fourchette en bois — sorte de « pénitence » ou signe humoristique de malchance. Le jeu mêlait hasard et farce, ce qui le rendait particulièrement apprécié dans les cercles militaires. Vernet sut en saisir l’aspect comique : dans la lithographie (et dans notre dessin), le soldat de gauche portant la fourche sur le nez est représenté comme l’objet principal des rires de ses camarades.
PROVENANCE
Paris, collection particulière































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