FRANÇOIS SZULMAN (1931–2024) / LE SOLEIL ROUGE / 1977 / huile sur toile

François Szulman (1931–2024) – Le soleil rouge, 1977
Huile sur toile signée, titrée et datée.
Répertoriée sous le numéro 273/10 au répertoire personnel de l'artiste

Dans Le soleil rouge, François Szulman déploie toute la singularité de son univers pictural, à la fois onirique, vibrant et profondément humain. Datée de 1977, cette huile sur toile est une œuvre typique de sa période de maturité, dans laquelle l’artiste affirme un style immédiatement reconnaissable par la vivacité de la couleur, la force des textures et une composition quasi-musicale.
Au premier regard, on est happé par l’éclat de ce soleil rouge cerise, suspendu dans un ciel azur constellé de nuages fragmentés – une touche presque surréaliste, qui confère à la scène une intensité poétique rare. Au sol, un petit village blotti au pied des collines déroule ses maisons blanches, ses toits rouges, son clocher pointu et ses arbres stylisés. La perspective est volontairement aplatie, les formes traitées avec une naïveté savante qui évoque à la fois le rêve enfantin et la mémoire d’un lieu idéalisé.
La matière picturale est riche, dense, presque tactile. Szulman travaille la surface de la toile avec une attention quasi-orfévrée : le grain du pinceau, les rehauts colorés et les légers empâtements donnent à l’ensemble une vibration subtile. Ce goût pour la texture, allié à une composition très construite, est une constante dans son œuvre. L'artiste n'imite pas le monde : il le réinvente.
Cette peinture est emblématique de la démarche de Szulman, qui s’est toujours situé à la croisée de l’art naïf, du symbolisme et d’un expressionnisme contenu. On y retrouve la palette éclatante, les paysages en fête, les arbres aux feuillages stylisés comme des couronnes, et surtout cette lumière intérieure qui émane de chaque élément du tableau. Chez Szulman, tout vibre, tout semble animé par une énergie propre.
Le soleil rouge est bien plus qu’une simple scène villageoise : c’est une vision. Un monde imaginaire, presque mythique, où nature et architecture cohabitent dans une harmonie jubilatoire.

46 x 62 hors cadre
59 x 73 avec cadre

François Szulman naît le 5 juin 1931 à Paris, dans le quartier populaire de Belleville, au sein d’une famille juive originaire de Pologne. Très jeune, il manifeste un talent remarquable pour le dessin. Pendant l’Occupation, il vit caché avec les siens, une expérience marquante qui influencera en profondeur sa sensibilité artistique.
Après la guerre, il est admis à l’École des Arts Appliqués de Paris, mais contraint d’abandonner ses études pour subvenir aux besoins de sa famille. Il peint alors en autodidacte, la nuit, sans relâche. En 1951, il expose pour la première fois au Salon des Indépendants, puis participe régulièrement aux grands salons parisiens : Salon d’Automne, Nationale des Beaux-Arts, Peintres témoins de leur temps, Comparaisons.
C’est en 1967 qu’il obtient sa première exposition personnelle marquante à la Galerie Régis Langlois à Paris, point de départ d’une longue série de présentations individuelles à travers la France et à l’international.
Il expose notamment à New York (Galerie Achard de Souza en 1965), à Venise, Bruxelles, Nancy, Lyon, Metz, Orléans, Pont-Aven, Toulouse, et surtout au Japon dans les années 1970-1980, dans des lieux prestigieux comme la Galerie Yamoto, l’Art Point Gallery et la Palace Art Corporation à Tokyo ou encore Daimaru à Osaka.
Son œuvre, immédiatement reconnaissable, mêle une figuration poétique à des couleurs vives, une matière riche et une vision à la fois naïve et symbolique du monde, souvent inspirée de souvenirs d’enfance, de paysages idéalisés ou de villages rêvés.
Il reçoit de nombreux prix : Médaille d'Or à Rome, Grand Prix Alfred Sisley, Prix Eugène Boudin, Prix des Arts de Colombes, Prix Univers des Arts, entre autres.
La Ville de Paris lui décerne la Médaille de Vermeil. Il est fait Chevalier de l’Ordre de l’Encouragement Public et reçoit la Médaille d’Argent du Salon des Artistes Français. De 1984 à 1991, il est trésorier de la Société Nationale des Beaux-Arts.
Ses œuvres entrent dans plusieurs collections publiques, notamment au Musée d’Art Moderne de Paris, au Musée Lohamei Haghetaot en Israël et au Musée de l’Holocauste de Washington.
Il poursuit ses expositions jusqu’aux années 2010, dont une rétrospective remarquée à La Maison près Bastille en 2015. Il décède à Paris le 26 décembre 2024, à l’âge de 93 ans, laissant derrière lui un corpus très personnel, poétique, profondément attaché à la mémoire et à la lumière.