Saint Pierre de Vérone, connu sous le nom de Saint Pierre Martyr, était un frère dominicain du XIIIe siècle qui consacra sa vie à combattre la croyance cathare en Lombardie. Né à Vérone en 1205, il fut assassiné en 1252 sur ordre de ses ennemis doctrinaux, alors qu’il se rendait à Milan. Sa mort fut soudaine et violente, causée par une épée qui lui traversa la tête. Selon la tradition, alors qu’il agonisait, il écrivit le mot « Credo » (Je crois) sur le sol avec son propre sang avant d’expirer et de rejoindre Jésus, exprimant sa conviction que la Mort n’était pas une fin, mais seulement un commencement. Il fut canonisé l’année suivante, lors d’un processus exceptionnellement rapide.
Durant la Renaissance et surtout à l’époque baroque, son image fut largement promue par l’ordre dominicain comme symbole de foi absolue. L’iconographie de son martyre se codifia dès le XVIe siècle, apparaissant chez Titien, Véronèse, Dominiquin ou Ribera, qui le représentaient généralement agenouillé au moment du coup, avec des anges portant les symboles du martyre.
À Naples au XVIIe siècle, ce thème fut traité avec une sensibilité particulière par des artistes comme Andrea Vaccaro et Luca Giordano, dont les œuvres mêlaient théâtralité, profondeur psychologique et virtuosité technique. De nombreux tableaux dévotionnels sur cuivre virent alors le jour, destinés à des collections privées ou à des chapelles, où récit et symbolisme devaient se condenser dans des formats réduits mais puissants.
Ce tableau, clairement issu de cette tradition, condense en seulement 37 cm toute la force d’un récit universel : le sacrifice pour la foi, le triomphe sur la mort et la promesse de rédemption qui brille au cœur de l’horreur.
La scène suit une diagonale ascendante qui relie la terre, violente et rugueuse, au ciel porteur d’espoir et de salut. En bas, saint Pierre s’agenouille calmement pendant qu’un bourreau le tient et qu’un autre lève un cimeterre juste avant le coup fatal. Son habit dominicain gris se teinte déjà de sang, mais son visage, baigné d’une lumière chaude et surnaturelle, exprime la paix plus que la douleur.
Dans la partie supérieure de la composition, trois anges descendent du ciel, envoyés par Dieu pour accueillir l’âme du martyr au moment précis de son passage. Ils ne viennent pas en simples témoins, mais en porteurs de promesses éternelles : l’un tient la palme du triomphe spirituel, un autre élève une couronne de laurier, tandis qu’un troisième présente une seconde couronne de laurier, et une quatrième figure soulève une couronne dorée, symbole suprême de la gloire céleste promise à ceux qui ont gardé la foi. Baignés d’une lumière douce et enveloppante, ces anges forment une véritable cour divine, un accueil solennel venu du ciel, en contraste avec la brutalité terrestre de la scène inférieure. Leur apparition ne fait pas que rééquilibrer la composition : elle en sublime le message. Le martyre n’est pas une fin, mais le commencement d’une glorification.
Le choix du cuivre est significatif : sa surface lisse reflète subtilement les lumières dans les ailes, les drapés et la carnation. La peinture, appliquée en fines couches et transitions douces, montre une main experte en peinture de cabinet. La technique, qui marie ténébrisme ribérien et classicisme post-caravagesque, est typique de l’école napolitaine du milieu du XVIIe siècle.
L’état de conservation est excellent : la couche picturale est parfaitement adhérente, sans pertes ni soulèvements. Le vernis présente une légère patine jaune dans les zones claires, compatible avec son ancienneté, et on observe quelques retouches anciennes en bordure. Le revers du cuivre est patiné, sans corrosion ni déformation.
Le cadre, sculpté en bois et doré à la mixtion, date de la fin du XIXe ou début du XXe siècle. Ses motifs végétaux et guirlandes stylisées complètent l’œuvre sans lui voler la vedette.
Cette œuvre dévotionnelle, par son format intime, sa haute qualité technique et sa forte symbolique, fut sans doute destinée à un oratoire privé ou une collection éclairée. Sa puissance visuelle et son équilibre en font une acquisition exceptionnelle pour les amateurs d’art baroque ou d’espaces de contemplation sacrée.
Dimensions : 37 × 29 cm (14.57 × 11.42 in). Avec cadre : 46 × 38 cm (18.11 × 15 in).
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