La partie supérieure, en forme de losange au profil bombé, présente une émeraude centrale taillée en table. Elle est suivie d’un corps intermédiaire ajouré, richement orné de motifs végétaux symétriques, où sont serties de nombreuses émeraudes rectangulaires, carrées et en forme de goutte, toutes taillées en table ou de manière libre, créant un jeu vibrant de reflets verts sur le fond chaud de l’or. Le corps inférieur, en forme de goutte inversée, encadre une émeraude centrale entourée d’un travail gravé au burin, complété par des perles en or décorées de nouvelles émeraudes.
Chaque pierre a été sertie à la main, dans des clos ou des griffes simples, dans un processus qui révèle la grande maîtrise de l’orfèvre. On distingue des soudures visibles, des poinçons décoratifs, ainsi qu’une légère asymétrie, preuves d’une fabrication artisanale et de l’authenticité des pièces. Les crochets d’origine, de grande taille, étaient conçus pour traverser mantilles ou coiffes, ce qui indique leur usage lors de célébrations religieuses ou de mariages.
Ces bijoux ne représentaient pas seulement un statut social élevé, mais incarnaient aussi une tradition culturelle profondément enracinée : les joies de núvia, bijoux de transmission familiale liés au mariage. Il s’agissait de pièces commandées dans des ateliers spécialisés de villes telles que Barcelone, Reus ou Tortosa, et l’on utilisait souvent des émeraudes venues d’Amérique du Sud, notamment de Colombie, importées par les routes commerciales du port de Cadix.
Leur état de conservation est remarquable. On observe quelques inclusions et irrégularités dans les émeraudes, ainsi que de légères altérations du doré, toutes compatibles avec l’âge des pièces et, loin d’en diminuer la valeur, elles confirment leur authenticité historique.
Une pièce parfaite pour les collectionneurs de bijoux anciens ou pour toute personne recherchant un bijou historique à forte valeur symbolique et patrimoniale.
Dimensions : 11,5 cm × 3 cm (4.53 in × 1.18 in).
Poids : 42,9 grammes.
Histoire des boucles d’oreilles catalans
Les boucles d’oreilles articulés en or sertis d’émeraudes représentaient le luxe et la tradition dans la Catalogne du XVIII siècle, dans un contexte marqué par la reprise économique et l’essor des classes aisées après la Guerre de Succession. À cette époque, Barcelone et d’autres villes catalanes telles que Reus ou Tortosa s’imposèrent comme centres de production joaillière, combinant des influences françaises, italiennes et espagnoles dans des créations uniques. L’orfèvrerie catalane de la période baroque tardive se caractérisait par sa minutie, sa richesse ornementale et l’usage généreux d’or de faible titre, comme le 14 carats, plus facile à travailler. Les émeraudes, très prisées pour leur couleur et leur symbolisme, provenaient principalement des mines colombiennes via le commerce transatlantique. Offrir des bijoux en dot ou comme symbole d’union matrimoniale était une coutume fréquente dans les familles bourgeoises et aisées, et ces pièces étaient précieusement conservées de génération en génération. Les pendants articulés étaient particulièrement appréciés pour leur dynamisme et la lumière qu’ils apportaient au visage, très prisés lors des fêtes et des cérémonies religieuses. Avec le temps, de nombreux ensembles ont disparu ou ont été fondus, ce qui fait de cette paire un témoignage exceptionnel de la joaillerie traditionnelle catalane.