Véritable œuvre sculpturale d’exception, cette pendule de cheminée connue sous le nom de « La Lanterne Magique » est réalisée en bronze doré au mercure et exécutée dans le plus pur style Empire. Cette pièce française, signée sur le cadran et le mouvement par le prestigieux horloger Constantin-Louis Detouche, suit un dessin original attribué au célèbre bronzier parisien Jean-Simon Deverberie, renommé pour ses créations symboliquement riches et techniquement raffinées.
Plus qu’un simple instrument de mesure du temps, cette pendule est une représentation poétique de l’amour et de l’illusion du temps. La figure centrale est Éros, le dieu de l’amour, représenté marchant avec détermination, portant un arc et un carquois, et tenant une lanterne magique sur ses ailes. Cette laterna magica, ou lanterne magique, était un instrument optique mis au point au XVIIe siècle, projetant des illusions visuelles. Ici, elle est transformée en pendule, faisant subtilement allusion à la nature fugace et illusoire du temps.
La composition sculpturale est saisissante : Éros désigne directement le cadran comme pour avertir le spectateur que le temps, tout comme les projections d’une lanterne, n’est qu’une illusion. Son corps et son expression sont modelés avec un grand naturalisme, et toute la scène est enrichie d’éléments allégoriques : la lanterne est surmontée d’une torche enflammée traversée d’étoiles et de cœurs, et la base ovale est décorée de deux chérubins jouant autour d’une urne classique. L’ensemble repose sur des pieds en serres d’aigle, un clin d’œil affirmé à l’esthétique du style Empire, conférant une impression de dignité et de force.
Le cadran en émail blanc à chiffres romains est signé « C. Detouche Bte. 160 Rue St. Martin », et encadré d’une lunette ornée de ravissantes rosaces en émail bleu cobalt parfaitement conservées. Le mouvement de haute précision présente un échappement à ancre, une suspension à fil de soie et une roue de compte extérieure. Il sonne les heures et les demi-heures sur une cloche. La pendule a été entièrement restaurée et révisée par un professionnel. Elle est proposée complète avec son balancier, sa cloche et sa clé de remontage d’origine.
Concernant son état, cette pendule est parfaitement restaurée, avec une dorure au mercure chaude et uniforme, sans pertes visibles. La sculpture est intacte, sans fissures ni altérations. Une pendule de ce calibre constitue non seulement une œuvre d’art exceptionnelle, mais aussi un investissement solide pour le collectionneur averti.
Il s’agit d’une pièce majestueuse, idéale pour sublimer un intérieur classique ou pour devenir le centre d’une collection de pendules sculpturales du XIXe siècle. Son symbolisme, sa réalisation technique et sa double attribution à Detouche et Deverberie en font une création véritablement unique et remarquable.
Une occasion rare d’acquérir un chef-d’œuvre de l’horlogerie sculpturale française.
Dimensions : 47 x 24,5 x 12,5 cm
Histoire de Constantin-Louis Detouche
Constantin-Louis Detouche (1810–1889) fut l’un des horlogers français les plus influents du XIXe siècle. Réputé pour sa précision technique et son sens artistique raffiné, Detouche fut nommé horloger officiel de la ville de Paris ainsi que de l’Empereur Napoléon III. Son atelier, situé aux numéros 158 et 160 de la rue Saint-Martin, devint l’un des centres horlogers les plus importants d’Europe.
La renommée de Detouche dépassa largement les frontières françaises. Il reçut des médailles d’or à l’Exposition universelle de Besançon (1860) puis à Londres (1862), où son entreprise fut saluée pour l’excellence de ses chronomètres, régulateurs et mécanismes mathématiques. En 1853, il reçut la Légion d’honneur, et fut plus tard décoré de l’Ordre du Dannebrog par le roi du Danemark pour ses innovations, dont la célèbre horloge électrique.
Detouche fut également un acteur majeur dans l’avancement de la science horlogère et de son enseignement : en 1887, il finança la troisième édition du traité de référence de Claude Saunier, Traité d’Horlogerie Moderne Théorique et Pratique, considéré comme l’un des fondements de l’horlogerie moderne. Son entreprise collabora aussi avec le célèbre illusionniste Jean-Eugène Robert-Houdin pour produire des dispositifs mécaniques de grande valeur artistique.
Parmi les créations les plus prestigieuses de Detouche figurent des régulateurs astronomiques d’une complexité et d’une beauté remarquables, dont un fut longtemps exposé à l’angle de la rue Saint-Martin et de la rue de Rivoli, et est aujourd’hui conservé à la manufacture François-Paul Journe à Genève. L’héritage de Detouche est synonyme d’élégance, d’innovation et de savoir-faire, et ses pendules, comme celle présentée ici, sont encore très recherchées par les collectionneurs et amateurs d’horlogerie.
Histoire de Jean-Simon Deverberie
Jean-Simon Deverberie (1764–1824) fut l’un des artistes et créateurs en bronze les plus imaginatifs et singuliers du Paris de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Connu pour sa créativité audacieuse et son style inimitable, Deverberie fut un pionnier dans l’introduction de nouveaux langages esthétiques dans les arts décoratifs français, mêlant des motifs néoclassiques à des thèmes exotiques, allégoriques et théâtraux. Bien qu’il ait œuvré pendant la transition du style Louis XVI à l’Empire, sa maturité artistique anticipait déjà l’esprit décoratif éclectique du XIXe siècle.
Il établit son atelier à Paris au 14 rue Barbette, puis au 5 rue des Fossés-du-Temple, où il conçut et assembla pendules, candélabres, sculptures décoratives et meubles de luxe. L’une de ses réalisations les plus marquantes fut l’introduction de la figure féminine africaine ou américaine comme support sculptural de pendules, une innovation radicale à l’époque, qui donna naissance à ses célèbres modèles « l’Afrique » et « l’Amérique ». Ces œuvres, souvent appelées « pendules au nègre », sont aujourd’hui conservées dans de prestigieuses collections telles que le Louvre, le Musée des Arts Décoratifs et le Getty Museum.
L’œuvre de Deverberie se distingue par une attention minutieuse aux détails, une maîtrise du bronze doré et une vision décorative allant au-delà de la simple fonction. Il collabora avec des horlogers renommés pour équiper ses sculptures de mécanismes de haute précision, donnant naissance à des pendules artistiques d’une originalité remarquable. Nombre de ses créations furent commandées par l’aristocratie européenne et la grande bourgeoisie, témoignage de son succès commercial de son vivant.
Jean-Simon Deverberie laisse un héritage artistique exceptionnel. Son influence perdura bien après sa mort, et aujourd’hui son nom est associé à certaines des pendules sculpturales les plus raffinées et symboliquement riches de l’histoire horlogère française. La pendule présentée ici, inspirée de l’un de ses dessins, est un exemple vivant de son génie créatif.