L’image représente Saint Michel Archange dans son rôle classique de guerrier céleste, vêtu d’une armure aux réminiscences romaines, avec un casque ailé, un bouclier doré et une épée levée, tandis qu’il écrase fermement le démon, selon l’iconographie chrétienne. Les ailes déployées, le paysage idéalisé en arrière-plan et la frontalité du trait révèlent un langage visuel typiquement andin, héritier direct du baroque colonial, mais réinterprété avec une sensibilité populaire et intime.
Les éléments stylistiques de la peinture, tels que l’usage de couleurs vives, les contours marqués, l’absence de perspective académique et le caractère symbolique de la scène, sont caractéristiques de la phase tardive de l’École de Cuzco, encore active au XIXe siècle, notamment dans les ateliers familiaux qui continuaient à produire pour la consommation interne et la dévotion privée. Bien qu’une provenance de Potosí ne puisse être complètement écartée, son origine dans la région de Cuzco semble plus probable, où la tradition des peintures dévotionnelles sur métal fut particulièrement florissante.
Le cadre, complet et bien conservé, est en argent repoussé, avec des ornements supérieurs travaillés à la main, indiquant son usage comme pendentif ou reliquaire personnel. L’excellent état de conservation de la peinture —sans craquelures ni pertes— ainsi que la qualité du support font de cette pièce un magnifique témoignage de l’art dévotionnel andin postcolonial.
Une œuvre unique, à forte charge symbolique et d’une beauté concentrée, parfaite pour être réintroduite dans l’Église, pour une utilisation dans une paroisse. Elle constitue également une acquisition précieuse pour les collectionneurs d’art religieux sud-américain ou pour ceux qui recherchent une pièce représentative de la spiritualité populaire des Andes.
Dimensions Image peinte : 4,6 cm - 3,6 cm.
Histoire de Saint Michel Archange dans l’art de Cuzco
La figure de Saint Michel Archange fut l’une des plus vénérées dans le domaine de l’art colonial andin, notamment à Cuzco, ancien cœur du vice-royaume du Pérou. Dès le XVIIe siècle, son image se popularisa dans les églises, les couvents et les foyers, associée à la défense spirituelle et à la lutte contre le mal. Dans l’iconographie cuzquéenne, Saint Michel adopta des traits uniques : il était représenté avec des armures ornées, des boucliers ovales décoratifs et des postures solennelles, intégrant parfois des éléments du paysage andin tels que montagnes, ciels colorés ou flore locale.
Au cours du XVIIIe siècle et pendant une grande partie du XIXe, de nombreux ateliers de Cuzco poursuivirent cette tradition, élaborant des images de Saint Michel dans divers formats : toiles de grand format, ex-voto et petites peintures sur métal destinées à la dévotion intime. Ces dernières, comme la pièce présentée ici, conservaient le style symbolique du baroque métis tout en simplifiant la composition, avec une forte charge émotionnelle et une fonction protectrice. Le message était clair : le bien triomphe du mal, avec l’épée de la justice divine guidée par le ciel.
Dans ce contexte, Saint Michel n’était pas seulement un protecteur spirituel, mais aussi un symbole de justice et d’ordre, ce qui explique sa présence constante dans les foyers, où il était invoqué pour préserver l’harmonie familiale et éloigner tous les maux. Son image perdure avec force jusqu’à aujourd’hui comme icône de pouvoir spirituel dans les communautés catholiques andines, en particulier au Pérou, où il reste un protagoniste des fêtes patronales, danses rituelles et processions religieuses.