Œuvre en rapport : Henri Pierre Picou, La naissancede Pindare, 1848, huile sur toile, 114 x 146 cm, Paris, musée d’Orsay.
Repeints (en haut à gauche dans le ciel, dans les arbres, en bas). Rentoilage et accidents.
Dans cette scène baignée d’une lumière dorée etidéalisée, Henri-Pierre Picou illustre la naissance du poète lyrique grecPindare, issu d'une famille aristocratique de Cynocéphales, en Béotie, vers 518avant notre ère.
La composition, théâtrale et savammentorchestrée, met en scène les muses dans une célébration harmonieuse. L’une d’entreelle lève le bras droit, comme pour proclamer au monde la venue d’un êtred’exception.
En choisissantde représenter Pindare dès sa naissance, entouré de figures mythologiques etd’allégories bienveillantes, Picou traduit une vision élevée de l’artiste :celle d’un être inspiré, dont le talent, inné, est un don du ciel.
Originaire de Nantes, Henri-Pierre Picou se forme d’abord dans l’atelier dePaul Delaroche, avant de rejoindre celui de Charles Gleyre à Paris. Il yrencontre plusieurs artistes qui, comme lui, s’opposent au réalisme jugé troptrivial, et s’orientent vers une esthétique néo-classique nourrie de référencesà l’Antiquité gréco-romaine : Jean-Léon Gérôme, Jean-Louis Hamon ou encoreGustave Boulanger. Appelés « néo-grecs » ou « néo-pompéiens », ces artistesmêlent érudition archéologique, sensualité raffinée et poésie visuelle.
Picou réaliseune première version de cette scène en 1849, alors âgé de 24 ans, aujourd’huiconservée au musée d’Orsay. L’œuvre présentée ici, peinte vingt-quatre ans plustard, en reprend la composition générale, bien que le format ait évolué d’uneforme ovale vers un rectangle classique. Certains détails ont été modifiés :Apollon, présent dans la première version, est remplacé ici par Calliope,identifiable à sa lyre. Quant à Cupidon, il adopte cette fois une posture plusactive, bandant son arc, dans un geste espiègle et symbolique.
Entreclassicisme et allégorie, cette œuvre témoigne de l’aspiration de Picou àl’harmonie plastique et à la célébration des figures inspiratrices, au cœurd’une Antiquité rêvée.