Hôtel de Sully – L’appartement de la duchesse

Les appartements de la duchesse à l’hôtel de Sully révèlent l’intimité de Charlotte Séguier, par son anti-chambre, sa chambre, son cabinet aux miroirs et son oratoire. Au 62, de la rue Saint-Antoine (IVe), ce superbe hôtel particulier dans le quartier du Marais bâti en pierres de Paris a été édifié dès 1624. Le duc de Sully, le fameux ministre d’Henri IV, en fit son logement parisien. Mais c’est l’épouse de son petit-fils, Maximilien, second duc de Sully, qui donnera toute son ampleur à ce riche monument. Notamment la chambre de la duchesse Charlotte Séguier, réalisée dans l’aile neuve du monument, bâtie en 1660. Au rez-de-chaussée, un appartement pour le Duc est aménagé tandis que son épouse, Charlotte Séguier, s’installe au premier étage.

L’organisation des pièces au sein de l’appartement de la duchesse de Sully ne déroge pas à la distribution classique antichambre-chambre-cabinet. Un « oratoire » vient compléter cet ensemble. A l’origine, l’antichambre était dotée de deux fenêtres supplémentaires donnant sur une petite cour située à l’ouest de l’aile neuve ; une autre fenêtre était située dans l’actuel oratoire, toujours sur le mur ouest.

Hôtel de Sully – L’appartement de la duchesse

L’antichambre :

Seul le plafond de cette pièce date du milieu du 17ème siècle. Peint à l’huile sur plâtre, il représente des caissons ornés de grotesques et de mascarons sur un fonds brun-doré. En revanche, les boiseries d’origine ne nous sont pas parvenues ; elles sont remplacées par les tapisseries actuelles. Au-dessus des portes, les tableaux du 17ème siècle représentent des scènes mythologiques (Apollon et Marsyas, et Apollon et Python).

L’antichambre est décorée de tapisseries anciennement au château de Sully sur Loire. Le plus remarquable est son plafond peint d’un faux décors sculpté. On est loin des plafonds de poutres à la française réalisés trente ans plus tôt pour la grande salle du même hôtel (aujourd’hui la librairie).

Chambre :

La chambre est la pièce principale de l’appartement. Elle est à la fois une pièce d’apparat, un lieu de vie sociale et un espace de vie privée ; c’est pourquoi elle occupe une large place au sein de l’aile neuve et reçoit un décor somptueux. Son plafond en coupole, dit « à l’italienne » occupe la hauteur du second étage, tandis qu’un renfoncement, dénommé « alcôve », permet d’isoler et de théâtraliser le lit. Les boiseries sont rehaussées de dorure et scandées de pilastres. Les dessus de porte sont attribués au peintre Gérard Goswin (actif vers 1650-1660).

Le plafond est décoré d’allusion en rapport avec le lieu ; Endymion enlevé pour un sommeil éternel, le zodiaque, et quatre moments du jour sur les pendentifs. (les lunettes ont perdues leur décor originel)

La chambre présente un superbe décors de boiseries, qui n’est pas sans évoquer celui réalisé pour l’abbé de la Rivière aujourd’hui à Carnavalet.
Les boiseries de haut montent jusqu’au plafond où s’élève une coupole formant ce que l’on appelle un chambre à l’italienne. Et en effet, c’est l’inspiration italienne des premières années du règne de Louis XIV, encore marqué par Mazarin, qui règne ici.

Les inventaires précisent que dans cette chambre, lieu de réception, se trouvaient une quarantaine de sièges divers, du pliant au lit de repos. C’est cette atmosphère d’assemblée qu’ont voulu rendre les conservateurs du lieu (la CMN).
On remarque surtout un impressionnant lit de repos au chiffre d’Anne de Courtenay, première épouse du célèbre duc, qui se trouvait dans l’une de ses nombreuses résidences, et qui fut acquis récemment.

Cabinet :
Petite pièce propice à l’intimité et au repos, le cabinet a malheureusement perdu l’essentiel de son décor qui en faisait toute l’originalité. Les murs étaient en effet recouverts de miroirs, et des tableaux représentant des natures mortes et des paysages étaient accrochés sous la corniche. Seul subsiste le plafond, œuvre d’Antoine Paillet, représentant deux amours.

Depuis 1974, l’hôtel de Sully est le siège du Centre des monuments nationaux. En 2009, le Centre des monuments nationaux entreprend la restauration de l’appartement de la duchesse de Sully. Les boiseries et les peintures du 17ème siècle sont d’abord soigneusement restaurées. Le remeublement se veut ensuite à l’unisson de ce décor authentique, le décorateur Jacques Garcia apportant son expertise et son savoir-faire. Des meubles similaires à ceux décrits dans ces pièces par l’inventaire après décès de 1661 sont ainsi achetés sur le marché de l’art ou déposés par les Hospices civils de Beaune. Des vues d’intérieurs, comme celles gravées par Abraham Bosse au milieu du 17ème siècle, sont utilisées pour les disposer selon les usages de cette époque. L’ensemble se veut le reflet fidèle d’un appartement aristocratique parisien du milieu du 17ème siècle.

En savoir plus:

Hôtel de Sully

62 rue Saint-Antoine – 75004 Paris

site: http://www.hotel-de-sully.fr/

 

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