D’or et d’éclat. Le bijou à la Renaissance

La Fondation Bemberg une exposition inédite : D’or et d’éclat. Le bijou à la Renaissance, en partenariat avec le musée national de la Renaissance – Château d’Écouen. Cette exposition sera la première consacrée aux bijoux de la Renaissance, quarante ans après celle que lui avait dédiée le Victoria and Albert Museum de Londres en 1980 sous le titre de Princely Magnificence : Court Jewels of the Renaissance, 1500- 1630. Quatre décennies plus tard, ce projet constitue donc une étape importante pour faire état des avancées de la recherche et présenter au public un champ moins connu de l’histoire de l’ornement précieux et des arts décoratifs de la Renaissance.

Giambattista Moroni (Albino 1521/1524 – Albino 1578) • Portrait de jeune femme • Vers 1570-1578 • Huile sur toile, 73,5 x 65 cm
© Rijksmuseum, Amsterdam

Articulée en six sections, l’exposition propose une exploration du bijou, véritable objet d’art mais également vecteur de symboles. Après une introduction sur les matériaux et les techniques, permettant d’explorer l’atelier de l’orfèvre, l’exposition traite la question du bijou de cour, de ses sources d’inspiration et de son évolution formelle au cours du XVIe siècle. Une troisième section aborde l’usage politique du bijou dans les cours européennes, comme moyen de paiement et d’échange, ou encore en tant qu’instrument d’ostentation officielle et de fidélisation de la noblesse.

La quatrième section s’attarde sur la valeur sociale du bijou, particulièrement signifiante dans les ordres de chevalerie tandis que la cinquième section présente les différents usages du bijou allant de la volonté de manifester sa prospérité financière ou sa dévotion, jusqu’aux sentiments amoureux en passant par les soins du corps. Enfin, une dernière section ouvrira sur le style néo-Renaissance qui se développe dans la seconde moitié du XIXe siècle suivant un regain d’intérêt tant technique qu’esthétique pour ces bijoux tombés dans l’oubli depuis plusieurs siècles.

Pomme de senteur
Allemagne, vers 1600
Argent doré
Photo © GrandPalaisRmn (musée de
la Renaissance, château d’Écouen) /
Mathieu Rabeau

SECTION 1
Dans l’atelier de l’orfèvre.

C’est au sein de l’atelier de l’orfèvre que, partout en Europe, sont créés les bijoux selon les mêmes techniques et à partir des mêmes sources décoratives que les objets d’orfèvrerie, fabriqués en métal précieux comme la vaisselle ou les objets liturgiques. C’est la figure de l’orfèvre qui domine cette production. Il appartient à une corporation puissante et prospère en raison du haut degré de spécialisation des artisans et de la préciosité des matières qu’ils travaillent : or et pierres précieuses, souvent importés de loin mais également réutilisés à partir de bijoux plus anciens. Le travail commence par l’élaboration du modèle. Ainsi de nombreux recueils gravés et dessinés, mais aussi des modèles en plomb ou en bois circulent-ils entre les ateliers et contribuent à diffuser les modes et les styles.

Pendant en forme de Cupidon Pays-Bas ou Allemagne, vers 1590-1620 Or émaillé, rubis, diamants, perles. © GrandPalaisRmn (musée de la Renaissance, château d’Écouen) / Mathieu Rabeau

SECTION 2
La Renaissance de la parure

L’art de la parure connaît une évolution stylistique très rapide à la fin du XVe siècle : les modèles de bagues, de pendants et autres colliers intègrent les innovations de la Renaissance, d’abord nourrie des exemples d’une Antiquité retrouvée pour rejoindre ensuite les jeux formels du maniérisme. On s’inspire d’un vaste répertoire décoratif commun à la sculpture, à l’architecture et à la peinture. Puis c’est la technique même qui suscite l’intérêt des artisans avec le renouveau de l’art glyptique (pierres gravées) conduisant à la production de camées et intailles. Tout au long du XVIe siècle, les parures se font l’écho, en miniature, des grandes questions qui animent les artistes de la Renaissance sur la façon de représenter les corps et l’espace. Les dernières décennies du XVIe siècle donnent naissance à des bijoux particulièrement spectaculaires, imprégnés du goût maniériste pour les figures hybrides et les matériaux exotiques.

Pendant à thématique matrimoniale • Vers 1580-1600 • Or, émail, perles, diamants
© Rijksmuseum, Amsterdam

SECTION 3
Bijoux et pouvoir

Le bijou, tout comme le costume, permet de rendre visible l’ordre social. À la Renaissance, les parures luxueuses sont utilisées comme instrument au service du pouvoir royal. Le bijou de cour souligne la haute dignité du monarque et distingue ceux qui ont reçu ses faveurs mais il incarne également la bonne santé financière du royaume. L’or, l’argent et les pierres précieuses sont régulièrement utilisés comme liquidité afin de garantir une dot, une rançon voire un prêt en cas de nécessité. Le bijou s’intègre donc dans des enjeux économiques et politiques qui dépassent de loin sa seule valeur ornementale. On en offre à l’occasion des étrennes, mariages ou naissances, ainsi qu’aux émissaires étrangers en visite. La faveur toute particulière du souverain peut aussi s’exprimer à travers le don de son portrait, cadeau hautement symbolique qui matérialise aux yeux de tous le lien qui l’unit au récipiendaire.

Attribué à Girolamo da Carpi • (Ferrare 1501 – Ferrare 1556) • Portrait de dame (Renée de France ?) • Vers 1530-1540 • Huile sur bois © 2025 Städel Museum, Frankfurt am Main

SECTION 4
Être et paraître

À la frontière entre l’intime et l’apparat, porté sur soi et visible par tous, le bijou est à la Renaissance une sorte de miroir de son propriétaire. Certaines parures reflètent l’identité, les goûts ou les valeurs de ceux qui les portent. D’autres symbolisent les unions familiales ou politiques, comme les ordres de chevalerie, qui garantissent le pouvoir du roi et la bonne cohésion du royaume. Les ordres de Saint-Michel en France, de la Jarretière en Angleterre ou de la Toison d’or dans le Saint Empire sont au XVIe siècle des instruments de gouvernement qui permettent d’assurer au souverain un réseau de fidèles, unis par un cérémonial, un costume et des insignes communs.

SECTION 5

Bijoux de l’intime
Les parures accompagnent aussi les différents moments de la vie et illustrent les préoccupations, les usages et les croyances de leurs propriétaires. Fiançailles puis mariage donnent lieu à l’échange de bijoux aux décors symbolisant l’événement (mains jointes en foi, perroquets, colombes, ou encore cœurs enflammés). Certains bijoux reflètent la dévotion de leur propriétaire ; d’autres sont investis de vertus talismaniques et sont réputés protéger du mal et de la maladie ou favoriser la fertilité. Enfin, ils peuvent également servir au soin du corps sous la forme de cure-dents ou de cure-oreilles ou de bijoux de senteur, déclinés en de multiples variantes, du collier au bracelet en passant par les boutons ou les pendentifs.

Étienne Delaune (Milan 1518/1519 – Paris 1583) • Atelier d’orfèvre • Augsbourg, 1576 • Burin, 85 x 119 mm Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Adrien Didierjean

SECTION 6
Le Goût de la Renaissance au XIXe siècle

Un regain d’intérêt pour les objets d’art de la Renaissance apparaît dès les années 1830 et connaît son apogée dans la seconde moitié du siècle. Partout en Europe, des collectionneurs se passionnent pour l’orfèvrerie, les émaux, le mobilier, les textiles et les bijoux. Ce goût pour les bijoux du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle, considérés comme l’un des âges d’or de la parure, se heurte toutefois au faible nombre de pièces conservées, la plupart de ces colliers, bagues et autres pendentifs ayant été fondus ou lourdement remaniés au cours du temps. Pour répondre aux demandes des collectionneurs, le marché est inondé de faux très convaincants, mais aussi de pastiches fidèles aux œuvres de la Renaissance, qui permettent aux orfèvres et joailliers du XIXe siècle de se mesurer aux maîtres du passé, sans volonté initiale de tromper. D’autres artistes, en Angleterre, en Italie ou en Allemagne, se nourrissent de ces sources d’influence pour créer un style original.

En France, le style néo-Renaissance qui englobe en réalité une partie du Moyen Âge et du XVIIe siècle, se développe sous la monarchie de Juillet et demeure un modèle prépondérant dans les arts décoratifs de la seconde moitié du siècle. Ce goût s’incarne en particulier dans la production de François Désiré Froment-Meurice (1802-1855), le plus célèbre orfèvre de la période, qui fabrique broches, colliers et bracelets faisant la part belle à l’émail, à la figure humaine et à l’ornement.

Exposition jusqu’au 27 juillet 2025

Fondation Bemberg, Hôtel d’Assézat,
Place d’Assézat
31000 Toulouse

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