Château de Voltaire à Ferney

Le château de Voltaire se situe à Ferney-Voltaire dans le Pays de Gex, dans le département de l’Ain, à la frontière franco-genevoise. Le domaine est pendant vingt ans la résidence de François-Marie Arouet, dit Voltaire, qui l’achète en 1758 et le transforme.

Riche de ses placements financiers, Voltaire s’installe en mars 1755 dans les environs du lac Léman et achète une propriété qu’il appelle Les Délices. Inquiété par la République de Genève pour sa participation à l’Encyclopédie, notamment avec l’article « Genève », il cherche à s’en écarter tout en restant loin de Paris et de la cour où il est persona non grata.

Château de Voltaire à Ferney

Ferney semble un bon compromis pour le philosophe puisqu’il y demeure assez proche de ses médecins et imprimeurs genevois tout en restant caché du pouvoir français. Il rachète, au nom de sa nièce pour des raisons fiscales, le domaine à Guillaume de Budé en 1758.

Le philosophe entreprend de grandes modifications puisqu’il rase la bâtisse déjà existante et construit le premier corps du bâtiment, avec l’aide de l’architecte genevois Jean-Michel Billon, pour s’y installer dès 1761. Cinq années plus tard, en 1766, déjà trop à l’étroit, il fait rajouter par l’architecte et faïencier  Léonard Racle les deux ailes latérales ; les dernières tours et l’enceinte sont alors détruites, l’aspect général extérieur du château est depuis le même.

 

 

C’est en ces lieux qu’il écrivit quelques-unes de ses œuvres phares et qu’il reçut, en tant qu’« aubergiste de l’Europe », grand nombre de ses contemporains.

À sa mort, le 30 mai 1778, le domaine fut vendu et passa entre de nombreuses mains avant que l’Etat ne s’en porte acquéreur en 1999.
Le monument porte les traces de ses propriétaires successifs et des modifications qu’ils ont apportées, notamment dans les dispositions intérieures du château et dans le parc du domaine.

 

Catherine II de Russie, fervente admiratrice du philosophe, avec qui elle a eu une longue correspondance à partir de 1763, acquit la bibliothèque et les manuscrits de Voltaire à sa mort en 1778, soit près de 7 000 ouvrages. Elle souhaite également réaliser une copie du château dans le parc de Tsarskoïe Selo. Les plans du monument et du jardin sont réalisés par Léonard Racle en 1779 et une maquette est exécutée par Morand, valet de chambre de Mme Denis.

 

Wagnère se rend à Saint-Pétersbourg la même année afin de livrer bibliothèque et maquette. Le projet de l’impératrice n’aboutit cependant pas. La bibliothèque est désormais conservée à la bibliothèque nationale de Russie et la maquette est, aujourd’hui encore, un fonds précieux d’informations sur la vie que Voltaire menait à Ferney.

 

Visite du château de Voltaire

Le visiteur pénètre dans le château par le vestibule, à l’instar du visiteur du XVIIIe siècle. La visite se déroule en quatre temps. La première séquence se développe dans l’antichambre, la salle à manger/bibliothèque et le cabinet des tableaux. Les conditions de l’arrivée de Voltaire à Ferney, le développement du village sous son impulsion sont présentés dans la première pièce.

 

Le visiteur est ensuite invité à découvrir la vie au domaine de Ferney, l’œuvre et les grands combats menés par Voltaire au travers d’un double dispositif audiovisuel et multimédia, là même où il écrivit quelques-uns de ses plus grands textes. Le cabinet des tableaux, désormais situé à l’emplacement originel de la chambre de Voltaire et de son valet, propose de découvrir une partie de la collection de tableaux du maître de maison mais aussi la « Voltairomania » qui se fit jour dès son vivant.

La deuxième séquence permet à chacun de vivre le pèlerinage à Ferney tel qu’il est vécu dès après la mort de Voltaire. Le salon d’axe et la chambre, déplacée par rapport à sa localisation d’origine, ont été restaurés et proposent un état au plus près de celui dont témoigne l’iconographie du XIXe et début du XXe siècle.

Un troisième temps fait pénétrer le visiteur dans l’univers de Madame Denis. Son salon et sa chambre, où l’alcôve a été restituée, emmène le visiteur dans l’univers de la nièce et compagne du philosophe. Si les meubles ont été dispersés, les inventaires et les livres de compte ouvrent la voie à une restitution fidèle de l’ameublement de ces espaces. La maquette et les échantillons des textiles d’origine conservés à Saint-Pétersbourg permettent une restitution fiable des décors.

Enfin, dans la chambre des servantes de Madame Denis, le visiteur peut apprécier la résonance et la postérité des idées de Voltaire. A travers un dispositif audiovisuel résolument contemporain, des comédiens, par une sélection de textes choisis, mettent en scène l’actualité de sa pensée et incarnent sa parole. Le visiteur marche ainsi dans les pas des nombreux invités reçus par Voltaire en son château.

A Ferney, le philosophe savait que son exil ne l’isolait pas du monde : le village était idéalement placé sur une des routes du Grand Tour d’Italie, prisé par les nobles et les intellectuels du XVIIIe siècle. Visiteurs français et étrangers se pressaient alors au château et contribuèrent à la diffusion des idées de Voltaire et, plus largement, de l’esprit novateur et critique des Lumières à l’égard de la monarchie absolue ou de l’intolérance religieuse.

L’Europe des Lumières et l’Europe de Voltaire étaient un espace où les idées circulaient librement et où, par-delà les conflits et les différences, les pays européens partageaient une même aspiration au débat et à la confrontation des idées.

De cette retraite éloignée, il s’enflamme contre l’injustice de la société et prend la défense des victimes de l’intolérance politique et religieuse. Il poursuit intensément son œuvre littéraire et publie, entre autres, le Dictionnaire philosophique, le Traité sur la Tolérance, plusieurs tragédies et pièces de théâtre. Sa correspondance depuis Ferney s’élève à quelques 6 000 lettres…

En savoir plus:

Allée du Château, 01210 Ferney-Voltaire

http://www.chateau-ferney-voltaire.fr/

 

 

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