Cache pot en faïence impressionniste

Cache pot en faïence impressionniste. Décor floral sur fond bleu. XIXème siècle.
Cache pot portant le cachet de la manufacture de Montigny Sur Loing.
Décor signé de l’artiste Charles Virion.

Charles Virion, un artiste entre nature et céramique

En 1865, à Ajaccio, naissait Charles Louis Eugène Virion. Rien ne laissait encore présager que ce fils de Corse deviendrait l’un des artistes marquants du Loing, sculpteur animalier reconnu mais aussi céramiste profondément attaché à la petite commune de Montigny-sur-Loing.

Très tôt, il se tourne vers les arts. Après un passage par l’École des Beaux-Arts de Nancy, il rejoint Paris et s’imprègne de l’enseignement de Charles Gauthier et de Jean-Paul Aubé. Ses débuts parisiens sont prometteurs : ses sculptures, présentées au Salon des Artistes Français, lui valent distinctions et médailles. Pourtant, c’est loin du tumulte de la capitale que Virion choisit d’ancrer sa vie et son œuvre.

Cache pot – manufacture de Montigny Sur Loing.
(c) Le Bûcher des Vanités, Proantic

En 1889, il s’installe à Montigny-sur-Loing. Le village, lové entre la rivière et la forêt de Fontainebleau, attire alors peintres, poètes et artisans d’art. Depuis le milieu du siècle, on y façonne des faïences et des grès recherchés, dans l’élan d’un art décoratif renouvelé. C’est là que Virion trouve un terrain fertile : la manufacture de Montigny-sur-Loing, dirigée par Boué et Petit, lui ouvre ses portes.

Dans les ateliers, le sculpteur découvre les infinies possibilités de la céramique. Il transpose dans le grès ce qui nourrit déjà sa sculpture : la force de l’animal, la grâce fragile de la nature. Ses vases, souvent peuplés de grenouilles, lézards ou oiseaux, semblent animés d’un souffle vital. La glaçure accentue les reliefs, les teintes rappellent la forêt et les sous-bois. Chaque pièce porte la double marque : celle du maître sculpteur et celle de la manufacture, parfois accompagnée du fameux coq, emblème qu’il affectionne.

Cache pot – manufacture de Montigny Sur Loing.
(c) Le Bûcher des Vanités, Proantic

Ces créations, exposées et vendues au tournant du siècle, placent Montigny-sur-Loing dans le courant de l’Art nouveau international. La petite fabrique devient, grâce à Virion et à d’autres artistes, un foyer d’innovation et de poésie.

Mais Virion ne s’arrête pas là. Tandis qu’il poursuit sa carrière de sculpteur animalier – récompensée à l’Exposition universelle de 1900 – et qu’il réalise, après la Grande Guerre, plusieurs monuments aux morts dont celui de Montigny-sur-Loing, il reste fidèle à son village et à sa manufacture. C’est là qu’il meurt en 1946, laissant derrière lui des œuvres présentes aujourd’hui dans des musées prestigieux, du Musée d’Orsay à l’Indianapolis Museum of Art.

L’histoire de Charles Virion est indissociable de celle de Montigny-sur-Loing. À travers ses sculptures comme ses céramiques, il a donné forme à une nature à la fois réelle et rêvée, et inscrit durablement le nom du village dans la carte des grands foyers de l’art décoratif français.

Cache pot – manufacture de Montigny Sur Loing.
(c) Le Bûcher des Vanités, Proantic

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