Paire de groupes sculptés en chêne figurant des travaux d’Hercule, Allemagne du Sud, XVIIème siècle
Deux épisodes mythologiques du cycle des travaux d’Hercule sont ici représentés :
Le premier figure la capture de la biche de Cérynie, le second la lutte contre le lion de Némée. Constituant une paire, le dessin de chaque groupe répond subtilement à l’autre, notamment dans la position des genoux appuyés sur le dos des bêtes ou encore à travers les mains du héros saisissant la tête de l’animal.
Ces œuvres possèdent un fort dynamisme quel que soit le point de vue adopté. Le canon anatomique athlétique du héros est parfaitement rendu, le modelé des chairs et des systèmes pileux est partout nerveux, sans préciosité. Nous sommes en présence d’un sculpteur dans la maîtrise de son art.

(c) ES Works of Art, Proantic
Le style de ces œuvres indique qu’elles ont été réalisées en Allemagne du Sud au XVIIème siècle. Leur forte tridimensionnalité et leur dynamisme les inscrit dans la lignée des recherches sculpturales de Jean de Bologne effectuées un peu plus tôt en Italie.
Le sculpteur Jean de Bologne
Né à Douai, apprenti chez Jacques Dubrœucq, sculpteur flamand réputé, Bologne étudia en Flandre la technique de la sculpture avant de partir pour Rome, en 1555, où il admira les chefs-d’œuvre de la sculpture antique et ceux de la Renaissance. Sur le chemin du retour, il se rendit à Florence où il put étudier les œuvres de Michel-Ange ; fort de la protection des ducs de Médicis, il acceptait de s’installer dans cette ville pour y faire carrière.

Admirateur de Michel-Ange, attentif à la sculpture hellénistique, Bologne obéit à cette double influence dans le traitement des groupes de deux ou trois figures, tels qu’en réalisait Michel-Ange autour des années 1520. Il devint l’un des plus brillants représentants de la sculpture maniériste. Son arrivée à Florence insuffla une jeunesse nouvelle à la sculpture que dominaient les œuvres de deux vieux artistes : Bandinelli et Cellini. Cependant, dix ans encore après l’arrivée de Jean Bologne, c’est un sculpteur de l’école de Michel-Ange, Ammannati, qui donnait le ton, mais, dès 1565, on vit Bologne s’imposer et, après 1570, il était devenu le sculpteur le plus célèbre d’Europe. Jean Bologne constitue le maillon qui unit dans le domaine de la sculpture Michel-Ange à Bernin.