Cette cruche romaine incarne la réalité tangible de la vie quotidienne sous l’Empire aux IIe et IIIe siècles ap. J.-C. L’objet se distingue par une facture artisanale robuste, caractéristique de la céramique commune (coarse ware) destinée aux usages domestiques. L’intérêt majeur de cette pièce réside dans son épiderme intègre : la terre cuite, d’une teinte orangée chaleureuse, est parée d’une riche couverture de concrétions calcaires et de sédiments terreux blanchâtres. Cette « peau » minérale, irrégulière et dense, n'est pas une altération, mais la signature indélébile de son histoire souterraine, garantissant que l'objet a été préservé de tout nettoyage chimique abusif.
Caractéristiques
Objet : Cruche à anse (Jug), céramique utilitaire.
Culture : Romaine (Production provinciale).
Période : IIe – IIIe siècle ap. J.-C. (Haut-Empire).
Matériau : Terre cuite, pâte rouge-orangé à inclusions.
Dimensions : Hauteur : 200 mm | Largeur : 105 mm.
État : Bon état de conservation ; intégrité structurelle préservée ; importante patine de fouille (concrétions calcaires).
Provenance : Ancienne collection privée française, constituée entre 1970 et 1990.
Documentation : Vendue avec certificat d’authenticité.
Contexte historique Si les vaisselles fines comme la sigillée étaient l'apanage des tables aisées, la céramique commune constituait l'ossature logistique de l'Empire romain. Ces cruches, produites localement dans les provinces, servaient au transport et au service de l'eau, du vin coupé ou de la posca. Elles témoignent de la standardisation des formes romaines et de l'efficacité des potiers qui privilégiaient la fonction et la solidité. Souvent déposées en offrandes dans les sépultures modestes, elles accompagnaient le défunt remplies de provisions symboliques pour l'au-delà.
Analyse formelle et matérielle
Morphologie : La pièce présente un profil élancé et stable. La panse ovoïde remonte vers un col large et légèrement évasé, facilitant le remplissage et le versement. L'anse, un ruban épais reliant la lèvre à l'épaule, est façonnée pour une prise en main ferme, soulignant la vocation purement fonctionnelle de l'objet.
Matière et Texture : La pâte céramique, visible par endroits sous la patine, révèle une texture granuleuse riche en inclusions (sable ou chamotte), technique utilisée pour accroître la résistance aux chocs thermiques et mécaniques.
Patine et Sédimentation : L'analyse visuelle met en évidence une cristallisation naturelle de sels calcaires sur la surface. Ces dépôts blancs, incrustés dans les pores de la terre cuite, forment un paysage géologique à la surface du vase. Cette sédimentation hétérogène, impossible à reproduire artificiellement avec cette fidélité, valide l'âge millénaire de la pièce et son extraction d'un milieu archéologique sec.
Valeur culturelle Cette cruche possède la beauté austère des objets de vérité. Loin du faste des pièces d'apparat, elle nous connecte directement à l'intimité du citoyen romain moyen. Sa valeur réside dans son authenticité « brut de fouille » : c'est un artefact qui n'a pas été maquillé, offrant au collectionneur l'émotion intacte de la découverte archéologique.
Rapport d’expertise L'attribution et l'authenticité reposent sur les éléments suivants :
Typologie : Forme standardisée de la céramique commune du Haut-Empire.
État de surface : La présence de concrétions calcaires dures et adhérentes confirme l'ancienneté de l'enfouissement.
Traçabilité : L'historique de collection française (années 1970-1990) assure une provenance établie.





























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