Cette cruche fusiforme est un exemple archétypal de la production céramique du Levant durant l’Âge du Bronze Moyen et Récent. Sa silhouette élancée, conçue pour l'efficacité du puisage, est ici magnifiée par une condition de conservation exceptionnelle. L’objet est intégralement préservé dans sa « peau » de découverte : une dense couche de concrétions calcaires et de sédiments gris-blanc qui enveloppe la terre cuite. Cette gangue minérale, loin d’être une imperfection, constitue l'ultime sceau d'authenticité. Elle atteste d'une interaction chimique millénaire avec le sol d'enfouissement et garantit que la pièce n'a subi aucun nettoyage acide moderne, offrant la rareté d'un état « brut de fouille ».
Caractéristiques
Objet : Cruche à anse verticale (Dipper Juglet).
Culture : Cananéenne (Levant).
Période : 1900 – 1400 av. J.-C. (Âge du Bronze Moyen à Récent).
Matériau : Céramique beige, importantes concrétions calcaires de surface.
Dimensions : Hauteur : 200 mm | Diamètre : 94 mm.
État : Intègre ; surface recouverte d'une épaisse patine sédimentaire (concrétions de fouille).
Provenance : Ancienne collection privée de Jérusalem, constituée entre 1975 et 1990.
Documentation : Vendue avec certificat d’authenticité.
Contexte historique Canaan, carrefour commercial entre l'Égypte et la Mésopotamie, a développé une tradition céramique axée sur la fonctionnalité. Ce type de cruche allongée, qualifiée de dipper juglet par les archéologues, était conçu pour être plongé dans de grandes jarres de stockage (pithoi) afin d'en extraire le vin ou l'huile, ou pour contenir des liquides précieux (parfums, onguents). Sa forme étroite facilitait l'insertion et limitait l'évaporation. Présente dans les contextes domestiques comme funéraires, elle témoigne de la vie quotidienne des populations sémitiques du IIe millénaire avant notre ère.
Analyse formelle et matérielle
Morphologie : La pièce présente un corps cylindrique s'effilant vers une base légèrement convexe, typique des vases destinés à être suspendus ou immergés. Le col s'évase en tulipe pour faciliter un versement précis. L'anse unique, reliant l'épaule au bord de la lèvre, dessine une boucle fonctionnelle robuste.
État de surface et Sédimentation : L'expertise visuelle se concentre sur la texture : la surface est matifiée par une cristallisation calcaire intense. Ces dépôts blanchâtres et grisâtres sont répartis de manière homogène, épousant les moindres irrégularités de la pâte. Cette sédimentation est la signature géologique d'un enfouissement en milieu sec et calcaire, caractéristique des tombes de la région du Levant.
Technique : Bien que masquée par la patine, la régularité du profil indique un façonnage au tour rapide, maîtrisé par les artisans cananéens.
Valeur culturelle Cette cruche possède une valeur documentaire de premier ordre. Contrairement aux pièces nettoyées pour le marché de l'art, elle conserve l'intégrité de son histoire archéologique. Elle est un témoin tangible des strates bibliques et historiques de la région. Pour l'amateur, elle offre l'esthétique minérale de l'archéologie pure, évoquant directement les conditions de sa redécouverte après près de quatre mille ans de silence.
Rapport d’expertise L'authenticité de la pièce est étayée par l'analyse technique et l'historique :
Typologie : La forme fusiforme est conforme aux productions céramiques du Bronze Moyen II au Bronze Récent au Levant.
Patine : La densité et l'adhérence des concrétions calcaires sont des indicateurs d'ancienneté fiables, impossibles à reproduire artificiellement avec un tel réalisme.
Traçabilité : La provenance ancienne (collection de Jérusalem, 1975-1990) garantit l'origine géographique et l'antériorité de la découverte.



























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