Cet artefact est une cruche romaine à panse globulaire et col élancé, caractéristique de la vaisselle commune (coarse ware) en usage durant le Haut-Empire. L’objet se distingue par une simplicité formelle rigoureuse, typique des productions utilitaires destinées au service ou à la conservation de liquides. L’examen de surface révèle une épiderme fortement patiné, constellé de concrétions minérales et de traces d’enfouissement séculaires, attestant d’une conservation prolongée en milieu terrestre sans nettoyage agressif moderne.
Caractéristiques
Objet : Cruche utilitaire (type urceus ou lagena).
Matière : Céramique tournée à pâte claire, cuisson oxydante, sans glaçure.
Culture : Romaine, production provinciale.
Période : Haut-Empire, Ier – IIIe siècle apr. J.-C.
Dimensions : Hauteur : env. 160 mm | Largeur max. : 122 mm.
État : Intégrité structurelle préservée. Patine de fouille homogène avec encroutements calcaires.
Provenance : Ancienne collection privée américaine, constituée entre 1970 et 2000.
Documentation : Vendue avec certificat d’authenticité.
Contexte historique Dans la nomenclature céramique romaine, ce type de récipient appartient au répertoire de la céramique commune, omniprésente de l’Italie aux provinces occidentales. Contrairement aux services de table en terre sigillée, ces pièces, souvent produites localement, répondaient aux besoins essentiels de l’économie domestique (cuisine, cellier) et commerciale (tavernes). Elles servaient au transvasement et au service de l’eau, du vin ou de l’huile, complétant les grands contenants de stockage (dolia, amphores). La sobriété du façonnage reflète une production de masse standardisée, privilégiant la fonction et la robustesse.
Analyse formelle et matérielle
Typologie et façonnage : La pièce présente une panse au profil continu, s’évasant généreusement depuis une base étroite et discoïdale vers un diamètre maximal médian, assurant une contenance optimale. Le col, cylindrique à tendance légèrement conique, s’élève nettement au-dessus de l’épaule, conférant une silhouette élancée à l’ensemble. L’embouchure est soulignée par un bord épaissi en bourrelet (profil en « champignon »), conçu pour recevoir un bouchon périssable (liège, textile) et renforcer la lèvre contre les chocs.
Technique : Les stries horizontales ténues, perceptibles sur la panse et le col, confirment un montage au tour rapide suivi d’un lissage partiel. L’anse unique, à section ovale, est modelée manuellement et rapportée par lutage : son tracé en coude, reliant l’épaule haute au sommet du col, offre un point de préhension ergonomique (poucier).
Matière et état de surface : La pâte, visible en zones d’usure, est fine, de teinte beige-rosé. La surface, non engobée, présente une patine mate et crayeuse, nuancée de gris et de beige. Elle est marquée par des concrétions calcaires blanchâtres et des oxydations ferrugineuses localisées, formant un réseau de vieillissement cohérent. L’absence de zones artificiellement lisses ou de ruptures de patine aux jonctions (anse/col) plaide pour l’homogénéité de la pièce.
Valeur culturelle et décorative Au-delà de sa fonction utilitaire, cette cruche possède une qualité esthétique documentaire. Elle ne cherche pas à séduire par un décor rapporté, mais par l’équilibre de ses proportions et la richesse de sa patine archéologique. Pour l’amateur, elle constitue un témoin tangible, "dans son jus", de la vie quotidienne romaine. Sa surface texturée par le temps offre un contraste matériel intéressant au sein d’une collection d’antiques, s’opposant aux surfaces polies des marbres ou aux brillants des vernis modernes.
Rapport d’expertise L’analyse stylistique et technique permet de confirmer l’attribution à la période romaine impériale (Ier-IIIe s.). Les indicateurs d’ancienneté sont probants :
Cohérence typologique : La morphologie correspond aux standards des cruches à eau/vin provinciales.
État de conservation : Les usures (léger polissage de la base, micro-égrisures du bord) sont logiques pour un objet d’usage.
Patine : Les concrétions et micro-craquelures sont réparties de manière aléatoire et naturelle, sans trace de maquillage récent. Aucune restauration structurelle ni recollage majeur n’est détectable à l’examen visuel. Pièce authentique, saine, préservée dans son état de découverte.






























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