Cette rare paire de flambeaux en bronze doré au mercure appartient au prestigieux modèle « à tige à pans et à griffes », l’un des types les plus emblématiques du passage du Directoire à l’Empire. Ce modèle, d’une rigueur architecturée remarquable, est précisément celui documenté dans les archives du Garde-Meuble de la Couronne pour les appartements de l’impératrice Joséphine au palais Rohan à Strasbourg, livrés en 1809–1810 par le marchand-tapissier Darrac. Plusieurs paires identiques, décrites comme « tige à pan et à griffes ciselés dorés au mat », furent destinées au salon et à la chambre de l’impératrice, avant d’être transférées au Grand Trianon dans les années 1830.
Les flambeaux que nous présentons reprennent fidèlement les caractéristiques de ces livraisons impériales : base circulaire portée par de puissantes griffes de lion, piédouche animé d’une frise perlée, fût facetté d’une grande pureté géométrique, binet en forme de vase au dessin strictement néoclassique. Leur silhouette élancée, concentrée sur l’équilibre des volumes et la précision des proportions, s’inscrit pleinement dans l’esthétique définie par Percier et Fontaine, dont les modèles guidaient alors la création des bronziers parisiens.
La qualité de ciselure, d’une finesse nerveuse, ainsi que la dorure au mercure aux tonalités chaudes, témoignent d’un travail issu d’un grand atelier parisien, attribuable à des maîtres tels que Claude Galle ou André-Antoine Ravrio, tous deux fournisseurs majeurs du Garde-Meuble impérial sous le Premier Empire. La paire est complétée par deux bobèches : l’une d’époque, l’autre ancienne et parfaitement assortie, assurant une harmonie visuelle totale lorsqu’ils sont présentés en garniture.
D’une conservation très satisfaisante, présentant une dorure authentique ponctuée de la patine noble de leur âge, ces flambeaux illustrent ce que Paris produisait de plus élégant et de plus maîtrisé au tournant du XIXᵉ siècle.
Pièces de collection d’une réelle distinction, immédiatement reconnaissables comme un modèle lié à l’imagerie décorative impériale, ils sauront séduire autant les amateurs de bronzes d’art que les collectionneurs de mobilier historique.

































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