Cette chambre est de type Tailboard, ce qui permet une large gamme de mouvements et une mise au point précise, caractéristiques des chambres de studio et d’extérieur de la fin du XIXe siècle. Le soufflet, conservé en excellent état, ne présente aucune fuite de lumière et maintient toute sa flexibilité d’origine. Sa structure, soigneusement entretenue, présente une patine noble et uniforme qui montre le passage du temps avec dignité sans perdre l’élégance originale de la finition Mackenstein.
L’élément qui fait de cette pièce une véritable rareté est l’adaptateur Eastman Roll Holder qui l’accompagne. Il s’agit d’un exemplaire du tout premier porte-film en rouleau, inventé et fabriqué par la Eastman Dry Plate & Film Co., à Rochester, New York, USA, entreprise plus tard connue sous le nom de “Eastman Kodak” et avant l’adoption de son nom définitif. Les Roll Holders étaient distribués en Europe par la maison Mackenstein elle-même. Ce dispositif permettait d’utiliser le film photographique en papier en rouleau, appelé alors “American Film”, avant l’apparition du celluloïd flexible en 1889. Il ne fut utilisé qu’environ cinq ans, et certains furent ensuite modifiés. Cela fait de ce Roll Holder Eastman en état d’origine une pièce de musée de première catégorie. Il est réalisé en acajou, avec des rouleaux en bois et des mécanismes en laiton, se maintenant dans son état d’origine, sans modifications ultérieures, chose extrêmement inhabituelle. Avec cet accessoire, la chambre pouvait alterner l’utilisation de plaques de verre ou de film en papier, la plaçant à l’avant-garde technologique de son époque.
La combinaison d’une chambre Mackenstein et d’un roll holder Eastman de première génération constitue un ensemble d’une immense importance historique et collectionnable. Non seulement pour sa beauté, mais parce qu’il représente la transition entre la photographie sur plaques et la naissance du film en rouleau. Le nom Mackenstein, gravé sur la partie frontale, et les plaques originales portant l’adresse parisienne “15 Rue des Carmes”, confirment son origine authentique et sa commercialisation directe en Europe.
L’objectif Planigraphe Darlot nº 4, ouverture 1:9 et numéro de série 1020, est une pièce optique de haute précision qui reflète la maîtrise de la maison Darlot, l’un des ateliers parisiens les plus prestigieux du XIXe siècle. Fabriqué vers 1880, ce modèle appartient à la série “Planigraphe”, conçue pour offrir une excellente correction de champ et une netteté homogène sur toute la surface de la plaque, qualités très appréciées par les photographes de portrait et d’architecture. Son corps en laiton massif conserve la gravure originale avec l’inscription manuscrite du fabricant, et maintient une finition polie qui rehausse son élégance technique. Darlot, fondée par Jean Darlot, disciple de Charles Chevalier, pionnier de l’optique photographique, se distingua par la production d’objectifs d’une qualité exceptionnelle, rivalisant avec les optiques allemandes Voigtländer ou anglaises Ross.
Les obturateurs à rideau, comme celui qui équipe cette chambre, fonctionnaient au moyen d’une bande de tissu tendue se déplaçant rapidement devant la plaque photographique, ouvrant une fente calibrée par laquelle la lumière entrait pendant un temps précis. La vitesse était contrôlée en variant la tension du ressort et la taille de l’ouverture, ce qui permettait des expositions exactes, aussi bien en studio qu’en extérieur. Ce système entièrement mécanique fut l’une des innovations les plus avancées de son époque et le précurseur direct des obturateurs à plan focal modernes. De plus, l’ensemble comprend sa cordelette de déclenchement originale, permettant d’actionner l’obturateur à distance avec douceur et sécurité, en conservant la stabilité de la chambre durant l’exposition.
Une pièce de musée, extrêmement rare à trouver complète et fonctionnelle. Sa valeur dépasse l’esthétique: c’est un témoignage matériel de l’origine même de la photographie moderne. Cet exemplaire séduira non seulement les collectionneurs exigeants, mais aussi ceux qui apprécient l’histoire technique et l’artisanat du XIXe siècle. Un objet qui allie art, ingénierie et émotion.
Cette chambre représente bien plus que l’ajout d’une antiquité à une collection: c’est posséder un témoignage historique de la naissance de la photographie moderne, une pièce qui marqua la transition du verre au film en rouleau et incarne le génie technique du XIXe siècle. Sa rareté, son excellent état et son ensemble complet d’accessoires d’origine en font un investissement sûr et de grande valeur, tant sur le marché du collectionnisme photographique qu’en dehors. Cet ensemble photographique éveille une connexion émotionnelle profonde avec les pionniers qui, il y a plus de cent trente ans, vivaient pour la première fois le miracle de capturer la lumière et de la transformer en image.
Mesures: 18 cm de largeur et 24,5 cm de hauteur (7,17 x 9,76 in).
Histoire de la Chambre Mackenstein
La maison Mackenstein fut l’une des firmes photographiques les plus réputées de France durant la seconde moitié du XIXe siècle. Fondée par l’ingénieur allemand Heinrich Mackenstein à Paris, elle se spécialisa dans la fabrication de chambres de haute qualité destinées aux photographes professionnels. Son atelier, situé au 15 Rue des Carmes, devint une référence de précision et de design, très apprécié par les studios photographiques et les voyageurs. Les chambres Mackenstein se distinguaient par leur construction solide en bois nobles, leur fiabilité mécanique et leur capacité à s’adapter aux avancées de l’époque, comme les systèmes de mise au point à crémaillère ou les obturateurs à rideau synchronisés.
Durant les années 1880, l’entreprise collabora avec d’importants opticiens et distributeurs européens, dont Darlot et Hermagis, intégrant leurs objectifs à ses modèles de chambres. L’apparition du film en rouleau, impulsée par George Eastman aux États-Unis, marqua un changement radical dans l’histoire de la photographie. Mackenstein fut l’une des premières firmes européennes à proposer des adaptateurs compatibles avec les nouveaux roll holders, devançant la majorité des fabricants. Ces chambres hybrides, capables d’utiliser aussi bien des plaques de verre que du film en papier, représentent un tournant technologique décisif.
L’objectif Darlot Planigraphe qui équipe ce modèle provient d’une autre des maisons parisiennes les plus célèbres. Jean Darlot fut le disciple de Charles Chevalier, inventeur des premiers objectifs photographiques, et ses optiques jouissaient d’un immense prestige pour leur netteté et leur correction optique. Le modèle Planigraphe était particulièrement apprécié pour sa capacité à offrir des images plates et uniformes, sans distorsions.
Le Eastman Roll Holder, breveté en 1885, marqua le prélude du cinéma et de la photographie portable. Il permit pour la première fois l’exposition continue d’images en série, libérant le photographe du chargement individuel de chaque plaque. Avec l’arrivée du celluloïd en 1889, ce système fut perfectionné, mais les premiers roll holders, comme celui qui accompagne cette chambre, sont des pièces fondatrices du développement photographique. Mackenstein, avec son esprit novateur, sut intégrer cette nouveauté américaine à ses chambres européennes, créant ainsi une synthèse technique transatlantique unique.
Dans son ensemble, cette chambre incarne l’union entre la tradition artisanale européenne et la révolution technologique américaine. Aujourd’hui, c’est une pièce recherchée par les musées et les collectionneurs pour représenter, avec élégance et précision, le passage entre deux ères de l’image: celle du verre et celle du film.
Nous sommes des antiquaires professionnels. Pour voir plus de photos de cet article, veuillez cliquer sur ce lien:
https://www.antiguedades.es/en/antique-cameras/5339-antique-mackenstein-field-camera-eastman-roll-holder-darlot-no-4-france-c-1885.html





































Le Magazine de PROANTIC
TRÉSORS Magazine
Rivista Artiquariato