RAFFINEMENTS LOUIS XVI-IMPERATRICE A la vue de cette "éblouissante" Pendule-Vase signée de Mathieu Planchon (1842-1921), "l'oeil est charmé et le goût satistait (..) On se sent en bonne compagnie". D'une conception "ingénieuse, originale" comme d'une "exécution raffinée", celle-ci s'allie les considérations émises à l'égard de certaines créations de cet horloger de renom par l'un de ses biographes :" une excellente composition, dans l'esprit du XVIIIe siècle, qui ne donnait aucunemenent l'idée du déjà vu" (Chapuis, 1941). Dressés sur des pattes léonines velues, deux thyrses émergeant de bourgeons d'acanthe feuillagée, parcourus sur leur tige élancée de branchages feuris flanquent le corps porcelainier de la pendule. Reposant sur un pièdouche à motif rayonnant de pétales de fleur d'hélianthe, celui-ci, couronné à son amortissement d'un bouquet de fleurs printanières déployant en festons, guirlandes pendantes leur exquise floraison, est revêtu sur sa forme d'une grande élégance formelle d'un décor polychrome au raffinement, à l'harmonie stylistique et chromatique des plus recherchés. Scandés de frises de raies-de-coeur, de perlés alternés de piécettes finement ciselées ,des bandeaux constellés en réserve sur un prècieux fond vert-turquoise dit " Petit-Vert" d'un semis de petits disques pointés d'or ("oeil de perdrix" )* nimbent sa partie sommitale, son culot parcouru d'une ondoyante guirlande feuillagée. Délicats, aériens, joliment touchés de notes vives des rubans plats entrelacés de fins feuillages, de coquets jetés de fleurs champêtres "au naturel" disposés sous des arceaux soulignés d'un listel or ponctuent sa partie médiane enveloppée d'un lumineux fond blanc. Enjolivé sur son pourtour d'un féminin noeud de ruban plissé à double coques ou encore d'opulents rameaux de myrte embellis de glands de passementerie , le cadran émaillé blanc de la pendule serti sur sa lunette d'un perlé, d'un motif cordé indique en chiffres romains, arabes les heures, les minutes par deux aiguilles fleuronnées repercées. Soclée sur une base marmoréenne ovalisée ourlée d'un enfilage de perles et aux ressauts agrémentés en appliques d'anthèmes, palmettes et volutes stylisés, de rosaces d'acanthe, cette pièce horlogère nantie d'une rare eurythmie formelle, décorative s'éléve sur six petits pieds en toupie bagués d'un cordelette. Etroitement associée , tant par son élégant esthétisme formel, le bel et intelligent accord de ses matériaux que par le choix exquis de ses motifs ornementaux aux détails variés ,au souvenir de remarquables pièces horlogères conçues notamment par François -Louis Godon (1754-1800) autour des années 1770-1780 dont "elle modernise sans l'altérer la typologie", cette Pendule-Vase ranime les délicates séductions d'un XVIIIe siècle retrouvé placé sous l'enchanteresse égide de la Reine Marie-Antoinette à laquelle l'Impératrice Eugènie (1826-1920) voua un culte invétéré. D'un modèle dont nous ne connaissons pas à ce jour d'autres exemplaires, cette pièce horlogère de qualité est à compter parmi les plus notables réalisations imaginées par Mathieu Planchon. Création originale dotée d'un indéniable cachet artistique, elle est de fait éminemment représentaive de l'Horlogerie parisienne de Luxe de la seconde moitié du XIXe siècle destinée à une clientèle choisie d'amateurs français comme européens entérinant en matière d'arts décoratifs les inclinations des têtes couronnées. .*type de décor dit "Fond Taillandier"du nom du peintre-porcelainier attaché à la Manufacture royale de Vincenne Vincent Taillandier (1736-1790), son initiateur.
Mathieu PLANCHON (Bourges, 1842-Paris, 1921): Formé dans l'atelier familal, Compagnon-Horloger dès 1862, Mathieu Planchon sut s'acquérir dans la capitale parisienne les faveurs de praticiens de renom tels J.E..Robert Houdin (1805-1871), Adrien Philippe ((1815-1894) dont il acquit vers 1870 le réputé Etablissement sis 66-67 Galerie Montpensier au Palais-Royal. Officiant en ce lieu doté d'un charme "Moyen-Age ou Renaissance" jusqu'en 1896- année où il transféra son commerce d' "Horlogerie et Bronzes d'art" au 5, rue de la Chaussée d'Antin, "beau magasin, constamment visité par une riche et nombreuse clientèle"-, cet "ingénieux et savant horloger amoureux de son art", au "goût sûr" "s'ingénia à fabriquer et n'exploiter", a contrario de maints de ses confrères, que "ses propres modèles"."Fourmillant de motifs heureux, aux détails variés et avoués par la saine tradition", ceux-ci établirent sa réputation auprès des amateurs épris de leurs singulières qualités esthétiques. On évoquait, louait alors le "Style Planchon". "Esprit curieux, chercheur infatigable", "merveilleux collectionneur ' d'estampes comme émérite bibliophile M.Planchon s'adonna parallèlement avec une semblable créativité à la reconstitution de pièces d'horlogerie ancienne. Présentée en 1889 à l'Exposition Universelle de Paris , cette "trés belle et curieuse collection , fruit d'un travail considérable et consciencieux" interpellant le visiteur "depuis les clèpsydres décrites dans la traduction de Vitruve (...) juqu'aux élégants cartels de l'époque Pompadour ou Louis XVI" en passant par "les horloges des Sapiences des Vices et des Vertus, des Tempérances symboliques qui ornent les grandes tapisseries flamandes"sera laurée d'une Médaille d'Or. Reconnu par la suite hors-pair en son domaine (Grand Prix de l'Horlogerie) , M.Planchon sera gratifié d'honorifiques travaux dont à l'Exposition de 1900 le Rapport du Musée Rétrospectif de l'Horlogerie. . Confiant progressivement son affaire à son gendre Paul Brateau (1875-1958), ce marginal Horloger s'aventura à la rédaction de deux ouvrages : L'Horloge, son histoire rétrospective, pittoresque et artistique (1898), La Pendule de Paris (1918). Devenus pour les Amateurs passionnés d'Horlogerie ancienne et moderne dincontournables "classiques", ils ont en sus le mérite de "perpétuer"- tout comme ses créations- le nom de Mathieu Planchon. Il y consignait:" Nous avons tâché de savoir en étudiant et, c'est pour apprendre que nous écrivons". Une devise tout à la fois humble et juste. Littérature liée: Brateau, Paul, Mathieu Planchon Horloger, sa vie et son oeuvre, Paris: 1921;-Chapuis, Alfred, "Mathieu Planchon", in: Bulletin de la Fédération horlogère Suisse, n° 43 du 23 octobre 1941,pp. 355-356;-Saunier, G., "Les Pendules de M.Planchon", in: Revue Chronomètrique: Organe des Sociétés d'Horlogerie, janvier 1886; -Tardy, Dictionnaire des Horlogers Français, Paris:1972, p. 525; -"M.Planchon", in: Le Journal du Cher du 7 décembre 1921, p.3.
Signatures et marques: Cadran signé: "Planchon/ A PARIS". Le mouvement estampillé aussi de PLANCHON et numéroté sur sa platine"1774" porte le cachet de "Vincenti & Cie à Paris/Médaille d'Argent 1855"
Matériaux:Porcelaine dure de Paris à rehauts or et décor polychrome sur fond dit "Petit vert" et blanc; Bronze doré; émail et verre; Marbre blanc.
Dimensions: H.totale: 48 cm;-L.: 23 cm;-Pr.: 12 cm. Création parisienne de grande qualité de Style Louis XVI-Impèratrice de la seconde moitié du XIXe siècle réalisée par Mathieu Planchon (1842-1921), Fabricant-Horloger dans l'esprit des pièces horlogères conçues dans le dernier tiers du XVIIIe siècle par François-Louis Godon (1754-1800 ). Circa 1870. Trés Bel Etat. Dorure d'origine.Mouvement révisé et en état de fonctionnement. Avec sa clé.


































Le Magazine de PROANTIC
TRÉSORS Magazine
Rivista Artiquariato