Dans le sillage de cette tradition, l’artiste anonyme déploie ici une science raffinée du modelé et du mouvement. Le visage, les mains et le bâton, taillés dans l’ivoire, se détachent avec éclat de la matière chaude et vibrante du bois fruitier. Cette opposition, chère à Troger, exprime moins un effet plastique qu’une métaphore morale : la tension entre la fragilité de la chair et la noblesse de l’âme, entre la pauvreté matérielle et la lumière intérieure.
Le sujet du mendiant, traité avec une retenue empreinte de dignité, s’inscrit dans une méditation morale propre à la sensibilité baroque tardive. Ni caricature ni misérabilisme, mais une figure d’humanité universelle, animée par la résignation.
Ces sculptures, de format intime et d’une rare finesse d’exécution, étaient particulièrement recherchées par les amateurs éclairés et collectionneurs du XVIII? siècle, sensibles à la délicatesse des matières précieuses et à la subtilité du rendu expressif. Destinées aux cabinets d’amateurs, elles condensaient tout un art de la miniature et du contraste, symbole d’une esthétique de la préciosité et de la méditation privée.
Un exemple rare et sensible de cette production raffinée, à la croisée du réalisme populaire, de la ferveur baroque et du goût du collectionneur pour la virtuosité des matières.






























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