Cafetière "marabout" en argent, Paris, 1764-1765

-  Cafetière « marabout »
-  Argent martelé, fondu, soudé ; manche en bois exotique (ébène ?)
-  Paris, 1764-1765
-  Parfait état, belle patine, manche changé à la fin du XVIIIe siècle
-  Diamètre : 6.2 cm (au col) & 8.7 cm (partie renflée) ; hauteur : 11.5 cm (au bouton) ; poids (brut) : 278g

-  Cafetière « marabout » à la panse ventrue repose sur un fond plat légèrement rentrant. Le corps uni présente un renflement en sa partie basse, remontant vers un col rétréci souligné d’une moulure de filets. Le couvercle monté à charnière est bordé d’une large moulure recouvrant celle du corps. La prise est un bouton mouluré aplati. Le bec, pris sur flanc, est souligné par la moulure du corps. Le manche latéral en bois exotique est maintenu par une hotte filetée et manchon mouluré.

-  Le café connu depuis le XVIe siècle en France, deviendra à la suite de la réception de Soliman Aga émissaire de Mehmet IV à la cour de Louis XIV en 1669, une boisson à la mode. En 1693, Marseille, port tourné vers l’Orient, reçoit le privilège de son importation, suivront la création de Maisons du café sur le modèle de celles du Proche-Orient. La cafetière « marabout » est une cafetière à fond plat à la panse ventrue rappelant en cela les tombeaux des moines-soldats ou murabi d’où le nom de « marabout » cité par les dictionnaires du temps. Dès la fin du XVIIe siècle, cet objet est connu à Marseille, comme un ustensile à fond plat à la panse renflée sans couvercle utilisé dans les pays du levant, au nom de « ibrik ». Le « Marabout » s’inscrit dans une évolution de la cafetière vers le milieu du siècle, empruntant par sa forme un rien de la théière, sans pieds, tout en accentuant sa panse renflée et rajoutant à l’ibrik un couvercle. Cette forme est déclinée tant pour la cafetière que pour la chocolatière, seul l’espace pratiqué pour le moussoir dans le couvercle permettant de les distinguer.
-  Poinçons (sous le corps, dans le couvercle et en bordure du corps) : maître-orfèvre (illisible, trace en partie lisible dans le couvercle) : C, ? ; charge (sous le corps, dans le couvercle) : un A couronné avec une branche de laurier, charge pour les gros ouvrages d’argent, Paris du 1er octobre 1762 au 1er octobre 1768 ([1], n°445) ; jurande (sous le corps et dans le couvercle) : A couronné du 18 juillet 1764 au 12 juillet 1765 ([1] n°460) ; décharge (en bordure du corps, sous la moulure ) : une tête de braque, décharge pour les menus ouvrages d’argent et l’or, Paris du 1er octobre 1762 au 1er octobre 1768 ([1] n°448).
-  Réf. : [1] Bimbenet-Privat, Michèle & de Fontaines, Gabriel : « La datation de l’orfèvrerie parisienne sous l’ancien régime », Paris Musées, Paris, 1995 ; [2] Dennis, Faith : « Tree centuries of French Domestic Silver », Metropolitan Museum of New York, New York, 1961