Nuage, circa 1960
Huile sur panneau d’Isorel
Signé en bas à gauche
10,5 × 16 cm
cadre 18 × 22,5 cm
Hubert Aicardi est un peintre de l’école provençale né à Marseille en 1922. Sa vocation pour la peinture s’affirme dès l’enfance sans jamais être contrariée par ses parents eux-mêmes passionnés d’art. Il suit une première formation à l’école des beaux-arts de sa ville natale avant d’intégrer l’école des beaux-arts de Paris.
Il fréquente “les peintres du Péano” nommés ainsi en référence au café de la rue Fortia où se retrouvent les maîtres provençaux d’après-guerre que sont Arsène Sari (1895-1995), Pierre Ambrogiani (1907-1985) ou encore Eugène Baboulène (1905-1994).
Ancré en Provence, Hubert Aicardi réalise des vues singulières des paysages rocheux et des bords de mer de sa région natale qui rompent avec les représentations traditionnelles et avec celles de l’héritage cézannien. Il leur préfère les espaces infinis de sable et de galets ou encore la fine grisaille des ciels mouillés. Au sein de ces paysages inanimés, l’absence insolite de l’homme et le silence absolu étonnent quand ils n’inquiètent pas. Grand solitaire, l’esprit de l’oeuvre témoigne de la nature complexe de l’artiste : “Seul existe pour moi le monde que je crée”*.
Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs illustrations dont celle de L’Anneau des mers d’Edouard Peisson publié en 1952 aux éditions Flammarion. Depuis les années 1970, la Galerie Jouvène (Marseille) lui a consacré plusieurs expositions monographiques.
Le souffle de la rigueur et de l’invention
“ Tout est vrai, et rien pourtant n’est exactement reproduit. Tout est fantaisie, et chaque élément pourtant est reconnaissable. Le paradoxe d’Aicardi tient en ceci que la rigueur de ses peintures a du souffle, et que le réalisme qu’il y dispose est inventé. Les calanques, les plages, l’arbre, l’incendie de forêt, les barques, les petits ports, les fenêtres, les murs, les palissades, les étés de ciels de plomb, les printemps fleuris, les hivers glaciaires, les automnes carapaçonnés d’orfèvreries byzantines, sont les thèmes de son univers en ordre non chronologique. Ils ont célébré par avance le monde de l’insolite où il vient de prendre ses quartiers d’hiver : celui des démiurges.”
André Alauzen di Genova, historien, journaliste et critique d’art (1924-1998), 1991.
*Marseille, n°82, juille-août-sept. 1907, pp. 31-35.