Dans un paysage arcadien, au sein d’une végétation bordant une baie, sont représentés une jeune femme et un enfant. Le thème est clairement d’inspiration mythologique : l’enfant est en réalité le jeune Bacchus, dieu du vin et de l’ivresse, vêtu de peaux, portraituré dans une attitude joueuse avec une nymphe à demi nue, enveloppée dans un drapé doré. Celle-ci tient à la main un arc et des flèches ainsi qu’un oiseau fraîchement chassé, référence probable à l’éducation de la jeune divinité. Le couple insolite est représenté assis sur un rocher ; la nymphe soutient l’enfant avec ses jambes, tandis que celui-ci cambre son dos de façon ludique. À droite apparaît une herma en marbre, autre rappel à la tradition classique. La scène tendre se déroule à la lisière d’une forêt, entre arbres et roseaux, et laisse entrevoir une baie caractérisée par la mer calme et tranquille. La technique du pastel tend à exalter la douceur des corps et le sfumato des contours de cette belle scène à caractère mythologique.
Le tableau est à attribuer au cercle du peintre Jules Joseph Lefebvre (Tournan-en-Brie 1836 – Paris 1912).
Il se forma à l’École des Beaux-Arts de Paris, où il fut l’élève de Léon Cogniet, s’imposant rapidement comme peintre académique. En 1861, il remporta le Prix de Rome avec le tableau La Mort de Priam, qui lui permit de séjourner à la Villa Médicis.
Spécialiste du portrait et surtout de la figure féminine, il devint célèbre pour ses nus idéalisés et allégoriques, caractérisés par un rendu lisse et une beauté d’inspiration classique.
Il fut également un professeur estimé à l’Académie Julian, où il forma de nombreux élèves français et étrangers, contribuant à la diffusion de l’académisme international. Il reçut de nombreuses distinctions officielles, fut élu membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1891 et décoré de la Légion d’honneur.
Lefebvre représente l’un des maîtres de l’art académique français de la seconde moitié du XIXᵉ siècle, apprécié autant pour son élégance formelle que pour son influence pédagogique.