Taille: 65X81 cm
Cette toile réalisé dans sa premiére période, sans titre, témoigne des recherches plastiques précoces d’Alain Le Yaouanc, alors âgé de dix-sept ans.
Dans une composition structurée par de grands aplats angulaires aux tons sourds — brun, ocre, noir et gris — se détachent des volumes géométriques, cubes et prismes, qui semblent flotter dans un espace instable. L’ensemble, dominé par une tension entre rigueu rconstructive et liberté d’assemblage, évoque à la fois le langage cubiste et l’influence du constructivisme.
La présence d’un cercle rouge-orangé au centre accentue la dynamique interne de la composition et introduit une vibration chromatique qui contraste avec la sobriété des teintes voisines. Par ses jeux de plans superposés et ses volumes en lévitation, l’œuvre illustre déjà l’intérêt de Le Yaouanc pour les formes en mouvement, prémices d’une démarche où abstraction et imaginaire dialogueront étroitement.
Biographie condensée d’Alain Le Yaouanc
AlainLe Yaouanc, né en 1940 à Alençon, grandit entre Bretagne et Normandie avant departir aux États-Unis à seize ans, où il étudie le dessin et expose dès 1957.
Après un passage à la Art Students League de New York et une mobilisation enAlgérie, il s’installe à Rouen en 1962 où il conjugue son activité d’antiquaire avec la création artistique. Ses grandes gouaches, remarquées par Patrick Waldberg et Aimé Maeght, l’intègrent dès 1965 à l’univers de la Galerie Maeght et au cercle surréaliste.
À partir de 1967, il expose aux côtés des grands noms du mouvement en France et en Europe. Louis Aragon, qui suit attentivement son œuvre, lui dédie plusieurs textes, dont La PetitePhrase (1972).
Les années 1970 marquent une intense activité : décors pour Roland Petit (La Rose malade, 1973), expositions en Italie, en Iran, en Scandinavie, à la FIAC et à la Biennale deMenton.
En 1975, il participe à des manifestations engagées comme la vente publique Pour Chypre et multiplie les expositions personnelles en France. Les lithographies deviennent un champ privilégié, avec des albums illustrés en dialogue avec des écrivains tels qu’Eugène Guillevic ou Aragon (Magnificat, Le Chemin de Ronde, Stone upon Stone).
Entre1979 et 1982, ses œuvres sont présentées à la FIAC, à Saint-Paul-de-Vence, àNew York (Pierre Cardin) et à Art Basel. Invité d’honneur du Salon de Rouen en1981, il réalise aussi de grandes marqueteries de marbre.
Dans les années 1980,il s’ouvre aux États-Unis (Dallas, ArtExpo) et à des projets monumentaux,notamment des mosaïques en marbre, saluées par la Texas Society of Architects et par l’UNESCO, qui lui confie l’affiche de l’opération Mémoires des rues, mémoire du monde (1985).Les décennies suivantes confirment son rayonnement international : expositions à Metz, Monaco, Saint-Arnoult, Aix-en-Provence, Poitiers, Bilbao ou Beyrouth. En1998, il réalise une mosaïque monumentale pour l’Université de Poitiers(Futuroscope).
Mais en 1999, une saisie de son atelier parisien disperse une partie de son œuvre, altérant sa cote publique. Installé depuis longtemps rue Beautreillis, dans le Marais, il poursuit malgré tout une discipline quotidienne de création — collages, gouaches, mosaïques —, marquée par la monumentalité et le lyrisme formel.
En2010, il participe à l’exposition Aragon et l’art moderne. En 2012, il conçoit une fresque en mosaïque pour le domicile parisien de Gérard Depardieu. En 2016, il expose à Marrakech dans le cadre de la Biennale. Fidèle à une esthétique où se mêlent surréalisme, abstraction et références littéraires, Alain Le Yaouanc demeure une figure singulière de la scène artistique contemporaine, entre invention plastique, dialogue avec les poètes et quête d’un univers où l’image suspend le temps.