Suiveur de Giovanni Francesco Barbieri, dit Il Guercino (Cento 1591 – 1666 Bologne)
Sybille ou femme en buste, vue de profil vers la gauche, coiffée d’un turban
Pierre noire ou sanguine sur papier,
23,5 x 16,5 cm
Provenance :
Collection particulière
Ce dessin raffiné, exécuté à la pierre sanguine, représente une figure féminine de trois quarts, la tête tournée vers la gauche, coiffée d’un ample turban. Le geste retenu, la douceur des volumes et la délicatesse du modelé rappellent les œuvres graphiques du XVIIe siècle bolonais, et notamment l’univers stylistique de Giovanni Francesco Barbieri, plus connu sous le nom de Guercino. Actif entre Cento, Rome et Bologne, Guercino fut l’un des maîtres du baroque italien, célèbre pour son sens du clair-obscur, sa vitalité expressive et sa production graphique d’une rare richesse.
Ce dessin, bien que de la main d’un suiveur, témoigne d’une remarquable maîtrise de la technique de la sanguine, avec des jeux subtils de hachures et de modulations dans le rendu des tissus et des traits du visage. L’artiste se montre fidèle à l’esprit du maître bolonais, adoptant une pose semblable à certaines études conservées dans la Royal Collection de Windsor, notamment A seated figure of Aurora ou Two women looking downwards to the right. Le rendu vibrant des ombres et la structuration dynamique du corps rappellent aussi des dessins conservés au Louvre, comme Saint Joseph et l’Enfant ou encore des études de jeunes garçons attribuées à l’école de Guercino.
La figure ici représentée pourrait évoquer une Sibylle, figure récurrente dans l’art du XVIIe siècle, souvent identifiée par son turban et son regard tourné vers une révélation intérieure. Cette hypothèse est renforcée par la pose introspective et la monumentalité du visage. Ce type d’étude, tout à la fois préparatoire et autonome, témoigne du goût des artistes baroques pour la représentation vivante des figures sacrées ou allégoriques.
Ce dessin s’inscrit donc dans la tradition de la grande école bolonaise, influencée par Ludovico Carracci, mais aussi ouverte aux échanges avec la France, où des artistes comme Jean-Robert Ango ont copié et diffusé les modèles de Guercino. Il s’agit d’un bel exemple d’art graphique baroque, séduisant par sa fraîcheur, son équilibre et sa finesse d’exécution.