Réplique miniature de la Colonne de Phocas, en bronze et giallo antico

Réplique miniature de la Colonne de Phocas, en bronze et giallo antico.
Bronze, marbres giallo antico et portor.
Rome.
Fin du XVIIIe siècle, début du XIXe siècle.
h. 55 cm.

Cette réduction en marbre de la colonna Foca reproduit l’une des colonnes impériales les moins connues de l’histoire de Rome, et néanmoins l’une des plus significatives : érigée en 608 ap. J.-C., la colonna Foca a réputée l’ultime monument ajouté au Forum romain. Dédiée à l’empereur Phocas, composée d’un fût corinthien en marbre de Proconnèse réemployé, elle était probablement couronnée d’une statue dorée de l’empereur. L’identification de la colonne est restée incertaine jusqu’à la redécouverte de son inscription au début du XIXe siècle, et la présente réduction, en dépit de cette inscription, semble avoir été exécutée elle-même à une époque où l’identité de la colonne demeurait encore ambiguë, d’où le choix pour son couronnement d’une Victoire en bronze plutôt que par une reconstitution de l’effigie en or de Phocas.

Entièrement sculptée en giallo antico, le stylobate de cette réduction repose par ailleurs sur une plinthe quadrangulaire en portor : le dialogue chromatique entre les deux pierres — les veines sombres du jaune antique **répondant aux veines dorées du noir portor — témoigne d’une certaine érudiction et d’un raffinement certain dans le choix des marbres. Tant la Victoire en bronze, finement modelée, que la taille du fût, le traitement des cannelures ainsi que celui des feuilles d’acanthe du chapiteau corinthien, se distinguent par une grande qualité d’exécution.

Cette sorte d’objet appartient à un ensemble assez vaste de réductions architecturales produites à Rome pour les voyageurs du Grand Tour à la fin du XVIIIᵉ et au début du XIXᵉ siècle. Le choix d’un marbre antique rare, le giallo antico, finement sculpté jusqu’au chapiteau, indique une production destinée à une clientèle exigeante. Les colonnes, aux côtés des obélisques, arcs et autres temples miniatures, formaient en effet un répertoire symbolique important dans la tradition des souvenirs de voyage du Grand Tour. Le format et le monde auquel ces souvenirs font référence en faisaient des objets de choix pour être exposés dans les bibliothèques et les cabinets de collectionneurs.

Si les ateliers à l’origine de ces modèles restent rarement identifiés, leurs matériaux et techniques renvoient aux marbriers actifs à Rome à la charnière des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles. L’association de la taille du marbre et de la fonte du bronze est particulièrement caractéristique des productions les plus ambitieuses. L’objet présent, par ses proportions harmonieuses et sa finition soignée, témoigne du raffinement artistique et de l’imaginaire historique qui animaient les arts décoratifs à l’époque du Grand Tour.