Sa patte levée, son corps en déséquilibre apparent, cette posture troublante attire l’œil et interroge. Ici, l’artiste ne cherche pas l’esthétique figée, mais plutôt l’instant brut, la violence contenue dans le mouvement.
La composition épurée et le fond minimaliste concentrent toute l’attention sur la bête.
Les lavis sombres, les coups de pinceau francs, les formes qui se fondent ou s’opposent : chaque détail vient renforcer la tension, la force brute, l’instinct de l’animal. Le taureau semble pris dans un élan vital, à la fois prêt à charger et déjà en lutte contre l’air.
30 x 37 à vue
47 x 55 avec cadre
encadrement très soigné
Cette œuvre, signée du cachet de l' artiste en bas à droite, porte en elle la fièvre du dessin de Rey Vila, son goût pour l’expression directe et le geste libre. Elle offre une vision rare et magnétique d’un thème éternel, entre sauvagerie et noblesse, énergie et fragilité. À travers ce taureau, l’artiste nous offre bien plus qu’une simple scène : il nous livre un fragment d’âme animale, une image vibrante et indomptable.
José Luis Rey Vila (1910–1983)
Né à Cadix, José Luis Rey Vila a traversé le XXᵉ siècle en artiste témoin de son temps, à la fois engagé et profondément sensible à la force expressive du dessin. Il débute son parcours artistique en Espagne, où il reçoit une formation académique avant de s’engager dans l’art militant et la création d’affiches pendant la guerre civile. Sous le pseudonyme SIM, il réalise de nombreux dessins et lithographies de propagande, marquant de son trait la mémoire de cette période tragique.
Exilé à Paris à la fin des années 1930, Rey Vila poursuit son activité de dessinateur et d’illustrateur. Ses œuvres témoignent d’une énergie vitale et d’une maîtrise graphique qui transcendent les thèmes abordés : scènes de guerre, vie quotidienne, mais aussi la figure puissante et emblématique du taureau.
La tauromachie, enracinée dans la culture espagnole, apparaît comme un motif récurrent chez Rey Vila. Ses encres et lavis, au style nerveux et épuré, capturent la tension dramatique de l’animal, figure de lutte et de puissance. Dans ses représentations de taureaux, il ne s’agit pas simplement de dépeindre un spectacle folklorique, mais plutôt d’explorer la force brute et le destin tragique de l’animal, à la frontière entre combat et sacrifice. Le geste artistique de Rey Vila saisit ainsi toute l’énergie, la vitalité et la fragilité du taureau, créant des images d’une intensité rare.
Son œuvre, à la fois ancrée dans les tumultes de l’histoire et fidèle à une tradition artistique espagnole, nous laisse aujourd’hui un témoignage vibrant de la condition humaine et de la force indomptée de la nature