Félix Ziem (1821-1911), Soleil Levant Devant La Piazzetta Et Le Palais Des Doges, Venise

Huile sur toile, vers 1860. 84 x 114 cm. Signé 'Ziem' en bas à droite.

Un cachet à la cire rouge au verso. Oeuvre certifié par comité Ziem.

Dans cette toile baignée de lumière, Félix Ziem déploie tout son art pour évoquer une Venise sublimée. Depuis le canal della Grazia, il représente le Palais des Doges nimbé d’une clarté dorée et chatoyante, transformant l’architecture en un mirage irradié par le soleil couchant. À droite, le navire de parade « Le Bucentaure » fend les eaux de la lagune : ce vaisseau mythique, pourtant disparu depuis longtemps, devient sous son pinceau un symbole poétique d’une Venise rêvée, hors du temps, fidèle aux fantasmes du peintre plus qu’à la topographie réelle.

Au premier plan, les gondoles glissent sur une lagune miroitante, morcelée en reflets scintillants. L’attention portée aux effets atmosphériques, à la vibration de l’eau, à la transparence de l’air, rappelle les recherches de Jongkind ou de Turner, ces maîtres de la lumière évanescente et des ciels liquides. La touche de Ziem, vaporeuse et libre, participe de cette même quête lyrique.

Né à Beaune le 26 février 1821, Félix François Georges Philibert Ziem s’impose comme l’un des peintres les plus singuliers du XIXe siècle. Fils d’un tailleur arménien et d’une bourguignonne, il délaisse très tôt la voie de l’architecture à laquelle le destinait son père pour suivre la sienne : celle d’un amoureux des couleurs et des horizons lointains. Après des débuts à l’École des Beaux-Arts de Dijon, il gagne Marseille, où un emploi de dessinateur sur le chantier du canal de la Durance lui permet de financer son premier grand départ. C’est à Venise qu’il trouve sa terre d’élection. Il y arrive dans les années 1840, fasciné par cette « cité bleue et rose », et refera plusieurs fois le voyage.

La Sérénissime devient le cœur battant de son œuvre. Il en explore les canaux, les façades, les clartés irisées, revenant inlassablement en capter les jeux de lumière. Lorsqu’il expose à Paris, à partir de 1849, ses vues vénitiennes enthousiasment le public. Ses compositions telles que Vue prise dans le Grand Canal à Venise ou Embouchure du Grand Canal, la pleine mer au fond rencontrent un vif succès, imposant Ziem comme le chantre d’une Venise intemporelle, précieuse et solaire. Collectionneurs, critiques et amateurs s’accordent à reconnaître en lui un maître de la couleur et du rêve.