Ce dessin au feutre, délicatement réhaussé de touches d'aquarelle, est l'œuvre de Bernard Boutet de Monvel, figure marquante de l’Art déco français et maître reconnu du trait épuré. La scène représente trois cavaliers élégamment vêtus, montés sur des chevaux stylisés, déambulant dans un parc structuré par des arbres au feuillage finement suggéré.
L’artiste utilise un contour noir franc et assuré pour cerner ses figures, conférant au dessin une grande clarté graphique. Les postures des cavaliers, la tension des rênes et la dynamique des jambes des chevaux traduisent avec subtilité un moment de mouvement et de discipline équestre. Chaque personnage est individualisé par son costume : redingote et haut-de-forme pour l'un, vestes de cavaliers et chapeaux ronds pour les autres, signes d’une scène mondaine caractéristique du début du XXe siècle.
Les légères rehausses d’aquarelle, principalement dans les feuillages et les nuages esquissés à l'arrière-plan, apportent une vibration discrète à la composition tout en préservant sa rigueur formelle. Les effets de matière, réalisés par des lavis subtils, ajoutent une profondeur atmosphérique sans jamais alourdir la lisibilité de l'ensemble.
Le style de Boutet de Monvel se reconnaît ici par son extrême précision linéaire, son goût du détail stylisé, et sa capacité à évoquer l'élégance d'une époque avec un minimum d'effets. Ce dessin illustre parfaitement son talent à conjuguer sophistication mondaine et épure moderniste, qualités qui firent sa renommée tant en Europe qu'aux États-Unis.
Cette œuvre dialogue directement avec plusieurs autres travaux équestres de Bernard Boutet de Monvel, notamment ses célèbres compositions pour La Vie élégante (1902-1903) où il explore déjà, avec des lignes sobres et des silhouettes stylisées, l'univers aristocratique du cheval. Elle peut aussi être rapprochée de son grand projet Le Bois de Boulogne (1910), dans lequel il peint cavaliers et amazones avec une même recherche de rythme graphique et de pureté géométrique. Enfin, ce dessin annonce par sa rigueur formelle les portraits mondains qu’il réalisera après 1920, tels que ses représentations d’aristocrates et de financiers américains, dans lesquels il conserve ce goût du détail exact, de la ligne tendue et de la stylisation raffinée.