Henri-Eugène BROCHET
(Paris 1898 – Auxerre 1952)
Saint François d’Assise et le loup de Gubbio
Huile sur toile
H. 41 cm ; L. 27 cm
Signée en bas à gauche. Datée en bas à droite « 02.27 »
Dès
son plus jeune âge, Henri-Eugène Brochet manifeste des talents
artistiques précoces. Sensible à cette vocation, son père
l’inscrit en 1909 à l’École de dessin municipale de la place
des Vosges, où il étudie jusqu’au décès de ce dernier en 1916.
Sa mère meurt l’année suivante.
Élève
de Victor Dupont (1875–1942), Brochet découvre grâce à lui
l’œuvre de Cézanne, qui exercera une influence durable sur son
art. En 1917, il est incorporé comme auxiliaire pendant la Première
Guerre mondiale, où il est affecté comme peintre. Envoyé en
Belgique, puis dans les arrières de Champagne lors de l’offensive
de juillet 1918, il y réalise de nombreux portraits de ses
supérieurs et de ses camarades.
Vers 1920, il rejoint le
groupe de L’Arche, qui s’emploie à revitaliser l’art
catholique à la suite du conflit mondial. En collaboration avec les
Éditions d’art Rouart, il organise en juin 1921 à Auxerre une
exposition des « Ateliers d’art sacré » aux côtés de Maurice
Denis et Georges Desvallières. Il se rapproche alors de figures
majeures comme le sculpteur Fernand Py, l’organiste Paul Berthier
et la poétesse Marie Noël.
En 1922, il se marie et
s’installe à Paris dans un atelier situé au 25 boulevard du
Montparnasse, où il vivra jusqu’en 1933. Sociétaire des Salons
d’Automne et des Indépendants, il jouit d’une reconnaissance
croissante.
À partir de 1933, il s’établit
définitivement à Auxerre dans une vaste maison au pied de la
cathédrale, où il poursuit son œuvre picturale et enseigne le
dessin en collaboration avec Jean Burkhalter, dirigeant l’école
municipale.
Parallèlement à son activité de peintre et
d’illustrateur, Henri Brochet se passionne pour le théâtre. Il
écrit plus de 150 pièces, conçoit des décors et assure la mise en
scène. Un fonds important de documents liés à la revue Jeux,
Tréteaux et Personnages, ainsi que de nombreux dessins et gouaches,
est conservé à la bibliothèque d’Auxerre.
«
L’art pour l’art, c’est stupide, surtout lorsqu’on s’exerce
sur le domaine religieux. L’art a un but, l’art est un
enseignement. Un tableau, un panneau doit vous forcer à réfléchir.
Un tableau religieux est un sujet de méditation, bien plus encore
que sujet d’admiration. »
Son fils François Brochet (1925–2001), élève de Fernand Py, poursuivra la tradition familiale en devenant un artiste majeur, reconnu comme peintre, graveur et surtout sculpteur.
Notre toile réalisée en février 1927 représente la légende du loup de Gubbio. Celle-ci raconte qu’un loup féroce terrorisait la ville italienne du même nom. Saint François d’Assise, connu pour son amour des animaux, alla à sa rencontre. Plutôt que de l’affronter avec violence, il parla au loup avec douceur et compassion. Le loup, apaisé, devint docile. François conclut un pacte : en échange de nourriture offerte par les habitants, le loup cesserait ses attaques. L’animal tint parole jusqu’à sa mort. Cette histoire illustre le message de paix et de réconciliation que prônait saint François. Cette paix est d’ailleurs ici symbolisée par la présence de la colombe.