Prêt à partir au combat, notre haut commandant militaire se tient debout, sur un promontoire dominant la bataille qu’il dirige et qui fait rage derrière lui. Cet énigmatique personnage est probablement identifié par la suite de lettres d’or en haut à droite de la composition, que nous n’avons pas pu décrypter, ainsi que par le blason dessiné à l’or sur le haut de son gant.
Les nombreuses analogies avec le portrait de Louis II prince de Bourbon (le Grand Condé) peint par David II Teniers et conservé au château de Chantilly conduisent irrémédiablement vers le maître anversois : le format (22 x 16 cm pour le portrait du Grand Condé), le support, le traitement des plumes sur le casque et la scène de bataille mêlant cavaliers et soldats faits de points colorés dans la partie inférieure de la composition. La grande précision des détails montre l’aisance avec laquelle Teniers donne vie à des silhouettes de quelques millimètres avec son pinceau.
Notre portrait s’inscrit dans la longue liste des peintures représentant les monarques et les chefs de guerre munis de leurs attributs. En effet, depuis la seconde moitié de la Renaissance, partout en Europe, on portraiture en pied les commandants militaires en armure. Ainsi relève-t-on les compositions d’Antoon van Dyck (Charles Ier), de Philippe de Champaigne (Louis XIII) ou encore de Justus Sustermans (Ferdinand II de Médicis).
Le cadre à casseta de style en bois noirci et doré vient enrichir notre précieuse peinture.
Dimensions : 20,5 x 13,7 cm – 30,5 x 24 cm avec le cadre
Biographie : David II Téniers dit le Jeune (Anvers 1610 - Bruxelles 1690) est le fils de David I Teniers le Vieux, peintre et ami de Peter Paul Rubens. Ainé d’une fratrie de six enfants, il s’initie dès son plus jeune âge à la peinture dans l’atelier paternel. Ses frères Julien, Théodore et Abraham empruntent la même voie. Le jeune David s’aventure un temps à copier les plus grands maîtres flamands et italiens, ce qui complète sa connaissance de manière heureuse. Il en tire une grande aisance dans la composition, assimile les meilleurs procédés techniques et acquiert une rapidité d’exécution devenue légendaire. Passé maître dans les scènes de genre qui se déroulent dans les chaumières ou les auberges, il peint une multitude de scènes de beuverie et de tabagie, des conversations de loustics et des entreprises galantes. En épousant en première noce Anne Brueghel, fille de Jan Brueghel de Velours, il s’assure une grande considération et devient un notable de la ville d’Anvers. Assuré de son talent, la légende dit qu’il aurait pu prononcer ces mots : « Je tiens mon génie de la nature, mon goût de mon père, et ma perfection de Rubens ».
Bibliographie :
- Vermoelen, (Maria Huibert) John, Notes historiques sur David Teniers et sa famille, Belleuvre et Dolbeau, 1870
- Peyre, Roger, David Teniers, biographie critique, 1913
- Bocquet, Léon, David Téniers, Editions Nilsson, 1924
- Klinge margret, Waterfield Giles, Methuen-Campbell James, David Teniers and the Theatre of Painting, catalogue de l’exposition à la Courtauld Institute of Art Gallery, 2006