Musicienne chinoise au chat
Gouache et aquarelle sur papier beige.
Situé et signé en bas à gauche Shanghaï Lafugie.
Cachet rouge en caractères chinois, idéogrammes chinois en haut à droite.
Cadre en bois doré.
Dimensions : H. 49 cm, L. 29,5 cm
Dimensions avec cadre : 53,3 cm, 33,4 cm
Petit fêle au coin de la vitre.
Notre aquarelle et gouache, date vraisemblablement de la fin des années vingt, entre 1927 et 1930.
Située à Shanghaï, elle représente une musicienne chinoise, en train de pincer les cordes d'un type de banjo de manière si délicate que le chat poursuit son somme, tranquillement blotti auprès d'elle.
La jeune femme, au visage pâle relevé de traits finement dessinés, est vêtue d'une robe de soie aux reflets moirés. Elle arbore d'élégantes boucles d'oreille assorties dans leur teinte verte à sa bague taillée en navette. Elle tient place sur une banquette rapidement esquissée, le dos retenu par un coussin rouge orné d'un pompon chinois.
Léa LAFUGIE
Exploratrice, peintre et auteur française, Léa Lafugie appartient à cette génération d'artistes-voyageuses qui saisirent leur indépendance pour sillonnerles contrées les plus lointaines jusque ici inaccessibles pour les Occidentaux.
Son terrain favori sera l'Asie, à l'instar des Alix Aimé ou d'AlexandraDavid-Néel qui confessa avec regrets : « Que n'ai-je été douée comme elle de la faculté de manier habilement le crayon et le pinceau. Hélas ! »
Inscrite dès 14 ans à l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris, puis à l'Ecole des Beaux-Arts, elle est remarquée pour la qualité de ses dessins qu'elle expose notamment au Salon des Artistes Indépendants.
En 1924, elle décide de partir à l'aventure avec un premier séjour en Afrique du Nord.
L' année suivante, elle embarque direction l'Indochine et découvre Ceylan, la Birmanie, l'Inde où elle séjourne plusieurs années et surtout le Tibet. Elle y séjournera cinq années lors de trois expéditions menées en 1926,1927 et 1931. Même si elle ne parvient pas à accéder à Lhassa, elle réussit à se fondre dans le décor et à user de ses talents de peintre pour nouer des relations avec le monde caché des lamaseries. Deux livres, publiés en 1949 et 1963, illustrent de sa passion pour cette Terre des Bouddha vivants, titre de l'un de ses ouvrages.
A partir de 1927, elle explore le Cambodge, le Siam, le Laos, le Tonkin, la Chine et le Japon. C'est le tour en 1930 de Singapour et de l'Indonésie, avant de vivre en Malaisie où son mari est propriétaire d'une plantation. Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle est retenue prisonnière par lesJaponais qui l'internent à Cholon au Vietnam puis à Singapour. Elle doit attendre la reddition des japonais pour être libérée.
De tous ses voyages, Léa Lafugie a laissé de nombreux dessins, aquarelles et peintures. Elle a également collaboré avec divers journaux et revues comme L'Illustration et le National Geographic.
Dans les années 30, elle a exposé à plusieurs reprises dans les pays où elle séjournait, notamment à Djakarta. En 2016, le Musée des Beaux-Arts de Djakarta lui consacre une rétrospective pour rendre hommage à sa passion pour l'Asie.