Siebe Johannes Ten Cate (1858-1908), Bruges la Morte, 1894, pastel symboliste, signé (provenance Vollard)

Siebe Johannes Ten Cate (1858-1908)
Bruges, 1894
41 x 33 cm
Pastel sur papier marouflé sur toile
Signé, localisé et daté en bas à droite « Ten Cate / Brugge 94 » (difficile à lire)

Très bon état, encadré sous verre
Dimensions avec le cadre : 44 x 36 cm

Un jour de 1894, cet artiste hollandais installé à Paris est allé reparcourir ses contrées d'origine pour revoir Bruges et composer cette vision captivante, aux mouvements vaporeux, explorant la palette restreinte des couleurs poudreuses qu'il avait emportées avec lui. Ses crayons pastels font éclore la poésie de l’œuvre, sa composition et son harmonie d'ensemble, qui vibre différemment au cours du jour et des saisons.
Issu du fonds Ambroise Vollard, ce pastel porte en lui le magnétisme d'une œuvre qui est passée entre les mains de cet homme qui a organisé et réussi la transition entre l'Impressionnisme et l'Art moderne.

Siebe Johannes Ten Cate (1858-1908) est un peintre et dessinateur hollandais, proche de ses compatriotes Anthon van Rappard, Vincent Van Gogh et, plus tard, Kees Van Dongen. Après ses années de formation, notamment à Anvers et à La Haye, Ten Cate s'installe à Paris en 1883. Ses rencontres artistiques autant que ses voyages à travers l'Europe et l'Afrique du Nord lui ont inspiré un sens de la composition et de l'harmonie unique dont ce pastel témoigne.

Dans le regard de Ten Cate, cette vue de Bruges se ressent véritablement comme une méditation sur le pastel, cette technique que l'artiste a privilégiée au cours de sa carrière. A explorer l'œuvre dans le détail, on admire les reflets dans l'eau du Minnewater qui fascinent l'artiste, qui font onduler les silhouettes des oiseaux, les arbres et les monuments. Le regard parcourt les architectures colorées, on ressent le rayonnement de l'église Notre-Dame, qui est ici un motif dans le paysage bien plus qu'un lieu de culte (la croix de la flèche n'est pas même esquissée).

Cette œuvre de 1894, par son sujet et sa technique, nous évoque le trouble ravissant de certains artistes symbolistes ainsi que le roman Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach, publié en 1892, poème en prose illustré des photographies d'une ville envahie par le silence, par le mystère, par l'absence et par l'eau. Nous trouvons dans ce roman une photographie qui est proche de notre paysage. Ainsi l'un des chefs-d’œuvre de la littérature symboliste a certainement inspiré un peintre remarquable à aller revoir la Venise du Nord, son regard et son coeur emplis d'une poésie nouvelle.

D'après l'historique, ce pastel est issu du fonds Ambroise Vollard, qui fut à partir de 1900 le galeriste attitré de Ten Cate. Accroché jadis sur les murs de l'un des plus grands marchands d'art de son temps, ce paysage dégage toujours autant de lumière et de mystère aujourd'hui.

L’œuvre est très bien conservée, tout comme son cadre. Le pastel (la matière picturale) a vraisemblablement été fixé, ce qui permet à l’œuvre d'être transportée sans risque d'altération.

Août 2022 (voir photo) : La découverte d'une lithographie par Ten Cate, conservée au Rijksmuseum d'Amsterdam, signée, datée et située par l'artiste « Ten Cate / 2 october 94 / Brugge », permet de confirmer que l'artiste a bien voyagé dans cette ville. Notre pastel a certainement été réalisé autour de cette date-là, à l'automne 1894.