L’ensemble d’une extrême finesse sans le moindre superflu se suffisant à lui même. Équilibre, nervosité, élégance et qualité sont les termes les plus appropriés à cette très belle paire de sièges. Il est à noter le grand soin apporté aux éléments de liaison d’une qualité irréprochable. Le capitonnage et la garniture sont en bon état; seule la couverture légèrement tachée devrait faire éventuellement l’objet d’une réfection.
Dimensions H 94.3cm, h d’assise 44.5cm, L 62.5cm, P 53.6cm (à la ceinture).
Un siège né de la main du plus célèbre des maîtres ébénistes menuisiers Nîmois se reconnaît d'un seul regard. Tout le répertoire ornemental d’inspiration néoclassique dit à la Grec fortement architecturé, jusqu’au piétement atypique si représentatif du maître y sont représentés.
Ici, le piètement n’est pas fuseau comme à l’ordinaire chez ses contemporains mais traité en sections carrées progressives dites en gaine; chacune des faces est remontée d’une unique large et profonde cannelure rudentée. Le travail de sculpture d’un décor de moulurations des mains d’accoudoir ne sont pas traitées en ellipses convergentes à l’extrémité de celles-ci comme d’ordinaire mais sur la pleine totalité de la dite main, amplifiant de ce fait la puissance du décor.
Tous ces détails conjugués aux faits attestés que Pillot n’estampillait pas toute sa production au profit d’une étiquette promotionnel de son atelier à la façon des Hache Grenoblois; convergent vers l’attribution de ces sièges au maître Nîmois.
Observations : Bel état de conservation, boiserie sans greffes ni entures.
Pierre Nicolas Pillot, né à Fontenay en 1748 et mort à Nîmes en 1822, est un menuisier actif à Nîmes à la fin du XVIIIe et au début du XIXesiècle. À treize ans, Pierre Pillot est apprenti chez Mathieu Bauve pour une durée de six ans. Il travaille avec ce maître parisien probablement neuf ans comme compagnon. Il est reçu à la maîtrise en 1780. Son atelier était situé dans le quartier du Prat à l’île du Collège. Du fait de sa formation au sein de la communauté parisienne Pillot estampillait une partie de sa production.
Henri Vial rapporte, dans son ouvrage publié en 1912, l’existence d’une étiquette découverte sur une console fin Louis XVI. Cette étiquette, déchirée en deux endroits et incomplète, énonçait «Pillot, maître menuisier vend toutes sortes de meubles, fauteuils à l’anglaise, en médaillons […] qu’en garniture, lits à la turque, ottomane, sofa tout à la […] que dans le mon […] commodes, de tables à la grecque […] façon à juste prix […] Nismes près le marché N° 106». En plus petits caractères était indiqué «[…] faire sur le champ ceux qui lui seront commandés».
Bibliographie Les ébénistes du XVIIIe siècle par le Comte François de Salverte page 246