- Support légèrement bruni, à peine taché, impression très contrastée et puissante. Joliment encadré sous verre de musée.
- Le nouveau couple humain -
Les figures d'un homme et d'une femme se tiennent sur un podium rond suggéré. Elles semblent danser, ce qui est renforcé par les traits libres et dynamiques. Tournés l'un vers l'autre, ils incarnent le nouveau couple humain. Mais leurs têtes sont absentes et, à la place de leurs cous, on voit des filetages, tout comme sur le haut de leurs bras. Les têtes disparues semblent mener une vie propre à l'arrière-plan et contemplent les corps qui se tiennent devant elles, tandis que les bras sectionnés en bas à gauche acclament le torse masculin. L'être humain est devenu une poupée mécanique fragmentée qui s'admire elle-même. Une dystopie réelle qui se manifeste également dans le noir intense des corps. En raison de la portée symbolique de l'image, cette feuille est une œuvre majeure de l'œuvre graphique de Masereel.
Sur l'artiste
À l'âge de 18 ans, Frans Masereel commence des études d'art à Gand, mais c'est au cours de longs voyages à travers l'Europe et l'Afrique du Nord qu'il acquiert sa véritable formation artistique, qui aiguise son regard sur les injustices sociales. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale marque un tournant dans sa vie. Pacifiste convaincu, Masereel refuse de faire son service militaire et émigre en 1915 en Suisse, pays neutre. Il trouve asile à Genève, où il travaille pour divers magazines politiques et humanitaires et rejoint le cercle des pacifistes autour d'Henri Guilbeaux et Romain Rolland. C'est à cette époque que la gravure sur bois devint sa technique artistique préférée. Masereel est considéré comme le pionnier du roman graphique moderne, également connu sous le nom de « roman sans mots ». Il créa des œuvres composées exclusivement d'une série de gravures sur bois et tissant des récits complexes afin de représenter le destin humain dans le contexte de la guerre, de l'industrialisation et de l'injustice sociale. Ses œuvres révolutionnaires, notamment La Passion d'un homme (1918) et Mon livre d'heures (1919), ont acquis une renommée internationale et ont fait de lui une figure clé de l'expressionnisme. Après la Première Guerre mondiale, Masereel s'installe à nouveau à Paris en 1922, où il se consacre de plus en plus à la peinture à l'huile. Une première rétrospective présentant 200 de ses œuvres eut lieu en 1929 à la Kunsthalle de Mannheim. Elle fut immédiatement suivie de 11 autres expositions individuelles qui valurent à Masereel une notoriété générale. Stigmatisé comme « dégénéré » par les nazis, il quitta Paris en 1940 et travailla dans le sud de la France. Après la Seconde Guerre mondiale, Masereel travailla de 1947 à 1949 à la nouvelle École nationale des arts et métiers de Sarrebruck. Il s'installa ensuite à Nice afin de se consacrer à nouveau entièrement à l'art. Tout au long de sa vie, il resta engagé politiquement et utilisa son art comme une arme contre le fascisme, la guerre et la pauvreté.






























Le Magazine de PROANTIC
TRÉSORS Magazine
Rivista Artiquariato