Coiffeuse de style Louis XV, Attribuée à André Mailfert (vers 1905–1925).

Cette élégante coiffeuse à trois volets, richement marquetée de fleurs, est un remarquable exemple des premières productions d’André Mailfert, réalisées entre 1905 et 1925.
À l’œil non averti, elle pourrait parfaitement passer pour une authentique poudreuse Louis XV du XVIIIᵉ siècle.
Une analyse révèle pourtant qu’il s’agit d’une copie ancienne de très haute qualité, typique du travail de Mailfert, exécutée strictement selon les techniques d’époque.

Un travail d’ébénisterie fidèle aux pratiques du XVIIIᵉ siècle.
Mailfert employait volontiers des bois anciens issus de meubles démontés, ce qui explique les magnifiques oxydations internes visibles ici : patines profondes, veinage ancien, bois naturellement grisés par le temps.

Marqueterie de grande finesse, exécutée comme au XVIIIᵉ siècle:
Le décor floral en placage est une autre preuve de la qualité exceptionnelle de ce meuble :
frisage de bois de rose,
encadrements contournés en amarante,
placages légèrement oxydés pour retrouver la profondeur d’un bois ancien,
ombrage au sable chaud, technique authentique utilisée au XVIIIᵉ pour modeler feuilles et pétales,
Cette maîtrise technique rare place cette coiffeuse parmi les plus belles copies anciennes de la première période Mailfert, où il s’efforçait réellement de reproduire le travail des grands ébénistes.

Quincaillerie et matériaux anciens réemployés
Autre caractéristique propre à Mailfert :
usage de quincaillerie ancienne,
entrées de serrures limées à la main,
paumelles d’époque réutilisées,
vrai miroir au mercure, provenant probablement d’un ancien cadre ou d’un trumeau, réinstallé dans le meuble.

Ces détails sont impossibles à feindre sans disposer de matériaux anciens authentiques, que Mailfert affectionnait.

Fausses traces d’usure et “vieillissement contrôlé”
Fidèle à son goût du trompe-l’œil, Mailfert ajoutait parfois des “indices d’histoire” pour convaincre même les professionnels :
morceau de toile ancienne collé sous le fond d’un tiroir pour imiter une restauration XVIIIᵉ,
traces d’usure volontairement accentuées,
petites irrégularités créées pour simuler un meuble ayant “vécu”.

Mailfert se plaisait à dire qu’il « fabriquait du passé » et aimait l’idée de tromper les antiquaires eux-mêmes.

Cette coiffeuse dérive clairement de modèles Louis XV très aboutis, dont on retrouve des variantes dans les productions :
de Léonard Boudin,
de Macret,
et d’autres ateliers parisiens du règne de Louis XV.

Comme L’Escalier de Cristal, Mailfert reprenait des modèles anciens. La différence fondamentale est que Mailfert cherchait à vieillir le meuble, à lui inventer une histoire, quand L’Escalier de Cristal assumait des copies neuves prestigieuses.

Ici, tout — du bâti aux matériaux en passant par la marqueterie — montre que la volonté était de faire une copie indétectable, selon les critères du marché du début du XXᵉ.

Conclusion:
Une belle coiffeuse attribuée à André Mailfert, réalisée selon les techniques, les matériaux et l’esthétique du XVIIIᵉ siècle. Un meuble fascinant par sa qualité, par la fidélité de sa construction, et par la manière dont il reproduit avec talent le travail des grands ébénistes parisiens, tout en portant la marque des “vieux bois” et des pratiques singulières de Mailfert.
Une pièce rare, représentative de la première période Mailfert.