Importante Pendule d’époque Directoire - L’ultime Décision de Cléopâtre

Cette remarquable pendule en bronze finement ciselé et doré au mercure, réalisée à Paris durant les années raffinées du Directoire (1795–1799), illustre avec une rare intensité l’ultime épisode de la vie de Cléopâtre, dernière reine d’Égypte. Par la noblesse de sa composition, la qualité singulièrement soignée de sa ciselure et l’harmonie sereine de ses volumes, elle s’inscrit parmi les plus belles créations néoclassiques de la fin du XVIIIᵉ siècle. Sa valeur artistique est confirmée par l’existence d’un modèle strictement identique conservé aux Staatliche Kunstsammlungen de Dresde, témoignant du caractère véritablement muséal de cette pendule.

La reine est représentée assise sur une borne antique, dans la solennité d’un geste suspendu. Ses traits empreints de dignité se détachent avec douceur, tandis qu’elle étend la main vers un panier de fruits posé à sa gauche — pour le spectateur, à droite du cadran. Ce panier n’est pas un simple accessoire décoratif : selon la tradition rapportée par Pline et Plutarque, c’est dans un récipient semblable, dissimulé sous des figues et des fruits, que fut introduit l’aspic permettant à Cléopâtre de choisir une mort souveraine plutôt que l’humiliation d’un triomphe romain. Le bronzier saisit ici l’instant fragile où la décision devient destin.

Encadrant le cadran émaillé blanc, au tracé pur et classique, deux compositions se répondent. À gauche, une athénienne supporte un brûle-parfum dont la flamme s’élève vivement, enlacée d’un serpent, symbole du passage, du rite et de la fatalité. À droite, une colonne coiffée d’une corbeille fleurie évoque la richesse et la splendeur d’un règne dont l’éclat se prolonge jusque dans la mort. L’équilibre entre ces deux motifs traduit l’esthétique mesurée et érudite propre au Directoire.

La base, reposant sur six pieds toupies, présente en son centre un large cartouche animé d’un bas-relief d’une grande délicatesse : Cléopâtre y apparaît allongée, déjà défaillante, entourée de personnages venus assister à son dernier souffle, tandis qu’Octave se tient près du lit, témoin de la grandeur tragique de son adversaire. À l’arrière-plan, un buste de Jules César rappelle les alliances, les ambitions et les passions qui tissèrent la destinée de la reine. La finesse des drapés, la douceur des modelés et la précision narrative de cette frise révèlent un bronzier au sommet de son art.

Les côtés arrondis de la base — caractéristique rare et précieuse dans le corpus des pendules Directoire — sont ornés chacun d’une chouette aux ailes déployées, posée sur une guirlande. Attribut d’Athéna, la chouette incarne la sagesse, la clairvoyance et la protection ; elle veille ici sur la scène comme un hommage discret rendu à la dernière souveraine de l’Égypte ptolémaïque. Dans l’imaginaire antique, elle accompagne également les passages de l’âme, un symbole parfaitement accordé à ce sujet funèbre et héroïque.

La vigueur de la ciselure, la richesse des dorures, l’équilibre des proportions et la cohérence iconographique de l’ensemble placent cette pendule parmi les œuvres majeures de son époque. Par sa rareté — notamment grâce à ses côtés décorés —, par son sujet traité avec une élégance magistrale et par son parallélisme exact avec un exemplaire conservé dans un grand musée européen, elle constitue un objet d’art d’exception, destiné aux collectionneurs éclairés et aux amoureux des grands récits de l’Antiquité.