Né à Gênes mais actif principalement à Venise, Niccolò Roccatagliata (1593-1636) est célèbre pour son œuvre prolifique en bronze. Mettant à la fois en scène des sujets religieux, allégoriques et mythologiques, il honora de nombreuses commandes pour la sphère privée mais également pour les églises de la Cité des Doges. A sa mort, son fils Sebastiano Nicolini hérita de son atelier et continua à éditer et produire des bronzes dans le style du maître.
La chevelure aux épaisses boucles serrées de notre putto, ses paupières lourdes et ses cuisses rebondies sont autant de traits distinctifs qui caractérisent le style naturaliste et sensuel de Roccatagliata et de son atelier. Ces derniers se retrouvent dans le Putto au tambour et sur le Putto jouant à la flûte du Kunsthistorisches Museum de Vienne, attribués au Maître. Le traitement plus ferme des chairs de notre figure, ainsi que celui plus soigné et précis de son regard, le rapprochent encore davantage d’un Putto musicien et d’un Putto porteur de torche de l’ancienne collection Barzanti réalisés à la fin du XVIe siècle dans l’entourage de Roccatagliata. Le ventre arrondi des poupins y est délicatement souligné par quelques plis de chairs, semblables à ceux observés sur notre œuvre. Les angelots Barzanti sont enveloppés dans une fine étoffe qui s’enroule en écharpe autour de leur corps potelé et fait écho à celle que revêt notre putto, dont il retient un pan dans sa main gauche
dans un geste comparable à celui esquissé par un beau Cupidon rapproché de la production du Maître, aujourd’hui conservé au musée du Bargello de Florence.
Cette fine tunique, plus développée que la bande de tissu des Putti Barzanti, peut être rapprochée de celle portée par deux autres angelots attribués à Roccataliagata, conservés au Kunsthistorisches de Vienne et à l’Ashmolean Museum d’Oxford. Sur ces exemplaires, l’étoffe s’ouvre en effet en rideau, de la même manière que sur notre fonte, sous la poitrine de l’enfant, dévoilant son ventre rebondi. Le traitement ferme des chairs du Putto de Vienne, celui précis de son regard mais aussi l’agencement similaire de sa chevelure en font le plus proche équivalent de notre œuvre. Le format quasi identique des deux bronzes, relativement important au sein de la production rassemblée autour du Maître, pourrait les désigner, à l’image de l’exemplaire du Bargello, comme des figures de chenets, une production phare des ateliers de bronziers vénitiens qui fit la renommée de Roccatagliata, et de ses suiveurs jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

































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