Pierre Ernou, dit le chevalier d’Ernou (1665-1739), Portrait de dame.

“peint par le chevalier Ernou 1704” — indication manuscrite d’époque au revers, identifiant le peintre et situant l’exécution.

Nous présentons un très beau portrait de dame de l’aristocratie française, vraisemblablement dans les premières années du XVIIIᵉ siècle.
La qualité du costume est remarquable : grand corsage brodé à riche décor d’or, rubans roses noués, dentelles fines, manches rehaussées d’effets satinés, détails perlés ; la coiffure — élevée, travaillée — reçoit des perlages noirs incrustés. Tous ces éléments soulignent un haut rang social.

La toile et le châssis sont d’origine.
Elle vient de passer par une restauration d’atelier spécialisée : nettoyage — reprise de tensions — petites reprises légères de lacunes, mais sans repeint généralisé ; la matière picturale est saine, la lecture du modelé et la qualité du travail d’Ernou sont parfaitement restituées.
Le cadre ovale doré est postérieur, XIXᵉ.

Les portraits féminins par Pierre Ernou sont nettement plus rares sur le marché que ses portraits masculins. La structure de son corpus connu (collections publiques & marché) montre une prévalence des effigies d’hommes ; un portrait de femme conserve donc — pour les collectionneurs — un intérêt supérieur, parce qu’il représente une part minoritaire mais précieuse de sa production.

Biographie : Pierre Ernou

Fils du peintre Claude Ernou, Pierre Ernou naît à Angers en 1665. Il est actif entre Paris et plusieurs foyers provinciaux, notamment l’Anjou et l’Ouest.
Installé en parfaite cohérence dans le courant du portrait français de la Régence, il développe une manière très reconnaissable : douceur du modelé, fraicheur des carnations, élégance tenue — un classicisme tardif mais habile, avec une lumière nette et un sens très délicat de la matière textile.
Son nom est aujourd’hui plus discret que les grands portraitistes parisiens de la période (Lefebvre, Rigaud, Largillière), essentiellement parce qu’il travailla beaucoup en province.

Cette relative discrétion explique la rareté de ses œuvres sur le marché actuel et leur intérêt particulier pour les amateurs de portrait français de transition XVIIᵉ / XVIIIᵉ.