Nicolas Chaperon (1612-1653/4)
Faunesse et amours
Pierre noire, sanguine, lavis de sanguine et de gris sur papier,
195 x 313 mm
Provenance :
Collection particulière
Expertise de Sylvain Kerspern disponible sur demande. Les dessins de Nicolas Chaperon sont d’une rareté notable sur le marché de l’art.
Nicolas Chaperon, formé à Paris auprès de Simon Vouet, s’est distingué par une carrière aussi brillante que brève, marquée par un tempérament affirmé et une indépendance d’esprit. Né en 1612, il s’impose dès les années 1630 par une série de gravures inspirées de l’univers bacchique, notamment dans un recueil publié en 1639 chez François Langlois. Ce corpus témoigne de son intérêt pour les thèmes mythologiques et sensuels, souvent peuplés de faunes, de satyres et d’amours, dans un esprit nourri d’antiquité revisitée.
Installé à Rome à partir de 1642, il fréquente l’atelier de Nicolas Poussin, sans toutefois se plier aux exigences rigides de son maître. Ce détachement lui permet d’élaborer un style personnel, mêlant rigueur classique et spontanéité graphique. L’œuvre présentée ici illustre cette phase de maturité italienne : la composition éclatée, la diversité des attitudes enfantines, la faunesse alanguie et les accents de sensualité païenne renvoient à une vision instinctive de la nature humaine.
Le dessin combine la pierre noire et la sanguine, rehaussée de lavis bruns et gris, conférant à l’ensemble une vibration chromatique discrète mais efficace. L’approche est dynamique : les contours sont appuyés, parfois griffés, révélant un trait vif, presque nerveux, propre à souligner les formes sans jamais les figer. La scène n’illustre pas une narration précise, mais semble plutôt évoquer un état d’être, une méditation bucolique teintée de mélancolie.
Les feuillages, traités de manière suggestive, les contrastes légers et les regroupements de figures traduisent une volonté de composer par masses et rythmes, à la manière d’un théâtre naturel. Ce goût pour la distribution spatiale et l’expression corporelle ancre Chaperon dans la tradition française du Grand Siècle, tout en révélant une voix singulière au sein de la communauté artistique romaine.
Par sa qualité d’exécution, sa provenance privée et sa rareté sur le marché, cette feuille constitue un précieux témoignage du talent de Nicolas Chaperon, encore trop méconnu malgré l’importance croissante que lui accorde la recherche récente.



























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