Bottes fortes de postillon ou bottes de sept lieues.

Rare paire de bottes fortes de postillon autrement appelées bottes de sept lieues, probablement d'époque fin XVIIe ou début XVIIIe.
Avec l'essor du transport régulier du courrier, ces surbottes étaient nécessaires au postillon pour ne pas subir le frottement direct entre deux chevaux et pour pouvoir extraire sa jambe sous un cheval couché, les accidents n'étant pas rares. Faisant partie intégrante d'une livrée bleu blanc rouge sous l'ancien régime puis verte sous l'empire, ces impressionnantes bottes étaient aussi accompagnées d'insignes portées sur la poitrine ou le bras. Les employés royaux faisaient forte impression auprès de la population et avaient une réputation de gais lurons. Toutes les sept lieues postales, environ vingt-huit kilomètres, étaient érigées des relais postaux, sortes de fermes auberges depuis lesquelles le maître de poste, souvent gros propriétaire terrien, disposait de postillons prêts à partir hâtivement. Le convoi était alors défait de son équipage précédent, attelé de chevaux frais, deux ou trois, dirigés par un postillon, le postier de l'époque, pour rallier au plus vite la destination suivante. A son arrivée, l'attelage était démonté de la diligence et le postillon revenait à son point de départ à allure modérée. 

Ces bottes colossales, faites de cuir bouilli et de fer forgé portent des traces d'usure au niveau des molets, une couture dans le cuir et deux petits enfoncements, signes de leur grande utilité.  Elles se composent de plusieurs pièces de cuir bouilli, cousues et rendues imperméables à l'aide d'une matière noire et brillante dont il reste des traces en de nombreux endroits. Il peut s'agir d'un mélange de graisses telles que le suif. Leur parure amovible porte les traces d'un gauffrage encadrant le pourtour et un triangle pointe vers le bas de chaque côté. Elles servent d'accroche à diverses ferrures, probablement pour fixer l'étriller et comme support aux éperons dont un est ici complet.  La semelle est composée de plusieurs épaisseurs de cuir assemblées avec des clous forgés. Elle est elle-même renforcée au dessous par une imposante ferrure clouée. Leur forme spécifique était prévue pour s'encastrer dans l'étriller afin d'assurer le maximum de stabilité au cavalier. Seuls les rembourrages intérieurs au niveau des genoux sont manquants et on peut observer des restes de coutures qui les maintenaient.
On peut observer à l'intérieur de la partie haute un sigle délimité d'un carré marqué à chaud ou à l'encre.

Leur bel état de conservation et le fait qu'elles soient quasiment complètes en font un rare témoignage du meilleur service postal européen de l'époque et de la vie de ces aventuriers qui ont donné naissance à un imaginaire riche, notamment dans la littérature. 
Des exemplaires similaires sont visibles dans de nombreux musées tels que le palais de la Bénédictine à Fécamps, le chateau de Compiègne, le Musée de la Poste à Paris.

Provenance: relais de poste du valenciennois.
Poids: 4 à 5 kilos chacune.