Superbe triptyque de dévotion portatif, peint à la tempera sur panneau de bois, représentant au centre la Vierge couronnée à l’Enfant, entourée de figures angéliques et de saints protecteurs. Œuvre probablement issue d’un atelier balkanique (Roumanie, Serbie ou Grèce) de la fin du XVIIIe siècle.
La Vierge est représentée frontalement, en buste, vêtue d’un maphorion rouge brodé d’or, tenant dans sa main droite une fleur de lys (symbole marial de pureté et d’intercession) et soutenant de la gauche l’Enfant couronné. Le Christ bénit de la main droite tout en tenant le Livre des Évangiles. Les deux figures sont couronnées, rappelant le titre de « Regina Coeli » appliqué à Marie dans la tradition post-tridentine, mais ici transposé dans le vocabulaire orthodoxe. Deux anges se penchent depuis les registres supérieurs pour encadrer la scène, Les deux figures sacrées sont mises en valeur par un fond bleu intense.
Volet gauche
- Registre supérieur : Archange Michel, en armure, tenant une épée.
- Registre médian : deux figures d’ascètes ou de prophètes (probablement Élie et Élisée).
- Registre inférieur : Saint Georges à cheval, terrassant le dragon.
Volet droit
- Registre supérieur : Saint Jean-Baptiste, reconnaissable à son vêtement de poil de chameau et son rouleau prophétique.
- Registre médian : deux saints évêques bénissant (sans doute Basile le Grand et Nicolas).
- Registre inférieur : Saint Démétrios à cheval transperçant un adversaire, représentation militaire de protection.
Analyse stylistique et comparaisons
La facture picturale se caractérise par :
- Des visages allongés et hiératiques, aux grands yeux en amande cerclés de traits noirs.
- Des aplats chromatiques francs : bleu azur (probablement azurite), rouge cinabre, ocres et rehauts blancs.
- Une ornementation des vêtements par des décors géométriques et végétaux dorés, typiques des ateliers orthodoxes des Balkans à l’époque moderne.
La présence d’inscriptions grecques confirme un enracinement dans la tradition orthodoxe byzantine. L’iconographie du triptyque s’inscrit dans une typologie très répandue dans la production gréco-roumaine du XVIIIᵉ siècle, particulièrement en Valachie et en Moldavie, où les triptyques portatifs étaient destinés à un usage domestique.
Comparaisons possibles :
- Triptyques conservés au Musée d’art religieux de Bucarest (inv. XVIIIe siècle) présentant une Vierge couronnée entourée de saints militaires.
- Œuvres similaires issues d’ateliers macédoniens, documentées dans :
- M. Chatzidakis, L’art post-byzantin, Athènes, 1982.
- G. Millet, Recherches sur l’iconographie post-byzantine, Paris, 1960.
- Scénographie : L’iconographe a choisi une mise en page hiérarchisée, avec la Vierge en majesté occupant toute la partie centrale, encadrée par les saints protecteurs. La palette associe les rouges profonds, les ocres dorés, les bleus lumineux et des blancs légèrement patinés, créant une harmonie colorée d’une grande intensité spirituelle.
- Style et école : L’usage de la tempera, des inscriptions en grec, la frontalité hiératique et la richesse décorative renvoient aux écoles post-byzantines, particulièrement actives dans les Balkans et en Roumanie au XVIIIe siècle. La facture naïve mais expressive évoque un atelier monastique ou régional, probablement destiné à un usage privé ou domestique de dévotion.
- Technique : tempera à l’œuf sur panneau de bois préparé (levkas)
- Dimensions : hauteur 31 cm × 40 cm largeur totale déployée
- Structure : triptyque portatif à volets, avec encadrement sculpté et peint
- État de conservation : usures d’usage, petites lacunes de couche picturale, patine homogène, conforme à l’âge et à l’usage dévotionnel.
Ce type de triptyque portatif, très répandu dans l’aire orthodoxe au XVIIIe siècle, servait à la dévotion privée des fidèles. La composition, centrée sur la Vierge Reine du Ciel, reflète la spiritualité orientale et la forte présence du culte marial. L’abondance des saints militaires (Saint Georges, Saint Démétrios) illustre la fonction protectrice de l’icône pour son propriétaire.
L’œuvre témoigne de la continuité de la tradition byzantine dans l’art des Balkans, à une époque où la peinture religieuse orthodoxe se transmet de génération en génération dans les ateliers monastiques.
- Chatzidakis, M., L’art post-byzantin, Athènes, 1982.
- Millet, G., Recherches sur l’iconographie post-byzantine, Paris, 1960.
- Cormack, R., Painting the Soul: Icons, Death Masks and Shrouds, Londres, 1997.
Expédition très soignée
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