Nature morte avec figues, pêches, raisins et fleurs
Huile sur toile, cm 56,5 x 76
Avec cadre, cm 76 x 95
La nature morte décrite ici peut être reliée au catalogue encore peu nombreux du peintre Adriaen van der Cabel, au moins en ce qui concerne les œuvres liées à ce genre spécifique. Célèbre surtout pour ses vues portuaires et des scènes de genre, dans certains cas il s’est détaché de la peinture de paysage, se déplaçant sur un terrain moins convenable mais où il a démontré une sécurité et une connaissance du genre dérivée également des expériences acquises au cours de sa carrière, où il a eu l’occasion de rencontrer des artistes et des collègues experts dans ces sujets, compte tenu de la chance que les natures mortes ont eu en Europe du nord, et en particulier aux Pays-Bas, au cours du XVIIIe siècle. L’ordre spatial dans lequel sont disposés les deux paniers, l’un en céramique et l’autre en osier, se retrouve dans la décentralisation minutieuse des deux, qui permet d’occuper les deux côtés de la scène outre à lier visuellement les fruits du premier, les figues, avec ceux du second, les pêches. Les lignes de force partent du plan surélevé où se trouvent les figues, qui apparaissent légèrement dans l’ombre par rapport aux pêches, placées avec le récipient le long d’un plateau légèrement plus bas auquel l’œil arrive spontanément; ils entourent et enferment les deux récipients quelques fleurs, comme des bleuets bleus et blancs, une tulipe jaune, et un pavot flanqué d’une pivoine blanche, aux couleurs vives et contrastées qui laissent ensuite la place à des noix et à une branche de prunier cassée, mais qui n’a pas encore perdu ses fruits mûrs et ses feuilles. Dans les autres essais de Van der Cabel dans ce genre, nous retrouvons le trait caractéristique des paniers de fruits, ainsi que l’ajout de fruits ouverts, comme les noix décortiquées et la prédilection pour certains en particulier comme les pêches et les prunes, préférés par le peintre.Né et élevé à Rijswijk, près de La Haye, Cabel a suivi sa formation sous la direction de Jan van Goyen. Sa carrière l’a conduit précocement à Paris en 1655 et à Lyon (vers 1655-58), où il s’est installé très jeune et a passé une grande partie de sa vie. Cependant, il a vécu à Rome entre 1659 et 1666, où il a eu l’occasion de mettre à jour ses études et ses connaissances sur l’art italien et celui des Flamands présents dans la ville éternelle, parmi lesquels il était connu sous le surnom de Geestigheid, "humour", qui soulignait son humour joyeux et piquant. Il est également devenu l’un des collaborateurs habituels de Codazzi, comme en témoigne une architecture conservée aux Offices. Cabel n’était pas le seul artiste dans sa famille ; son frère Engel van der Cabel, également peintre et membre des Bentvueghels avec le surnom de "Corydon", l’accompagna dans ses voyages et s’installa avec lui à Lyon où il devint "Maître-Garde" de la Guilde de Saint Luc. Cette étroite relation familiale et professionnelle souligne l’importance de la collaboration et des échanges artistiques au sein de leur cercle.
Le grand héritage de van der Cabel se traduit aussi à travers ses élèves : il fut maître et parrain du paysagiste lyonnais Adrien Manglard, qui en acquit le style et le traitement paysager tant de matrice hollandaise que romainebolognaise, tirée par van der Cabel lors de son séjour en Italie. Cette transmission de connaissances et de styles a profondément influencé Manglard, qui est devenu à son tour l’un des plus célèbres paysagistes de son époque à Rome. Il est mort à Lyon en 1705.